Les différents courants exposés le sont sous deux formes :
- les effectifs recensés sous la forme du dénombrement de loups ou de meutes,
- les effectifs nécessaires à une viabilité génétique, propre et saine en terme naturaliste.
Ces ensembles étant liés à des potentiels d’accueil mal définis et des capacités d’interactions en dehors des frontières administratives humaines mal étudiées.
Alors que le canidé sauvage, ultra-territorialiste notoire se place en terme de géographie, presque exclusivement, dans l’espace. Si tant est que « l’espace » puisse réellement lui appartenir sur le long terme. Alors que ce même espace, en France, est obligatoirement partagé entre activités humaines et interactions du loup avec son environnement habituel, quand il est installé sur une aire vitale à la survie. Aires de repos, de chasse et de reproduction formant la géographie du loup.
La complexité même de l’évaluation :
La complexité même de l’évaluation de ce minimum étant techniquement inabordable, faute de suivis sérieux et constants, que l’on parle de l’évaluation des tirs actuels de destruction en France, en terme de conséquence, tout aussi bien que du braconnage cryptique qui ne fait l’objet d’aucune étude en France, comme en Italie ou même en Suisse et en Allemagne.
Le minimum viable de population chez le loup ne passe pas par le recensement exhaustif des individus mais bien par la mise en correspondance entre les capacités d’accueil des territoires comptes tenus de la géographie des lieux, l’anthropisation des milieux naturels et l’installation de groupes plus ou moins puissants en terme de capacité de survie sur le long terme.
Les données des différents courants de pensée :
Les marges retenues concernant les effectifs sont assez variables, dans les écrits scientifiques.
De 10 à 20 meutes comportant de 50 à 180 loups seraient suffisants pour se préserver du risque de disparition de l’espèce. Dans un contexte très favorable.
Ces chiffres ne sont bien-sûr pas en rapport avec ce qui fait du loup, un loup, c’est à dire sa capacité à investir et garder un territoire. En France, tous les départements, à l’exception des deux départements parisiens urbanisés, sont en capacité de permettre l’installation pérenne du loup. Le potentiel du nombre de meutes par département étant indéfini. Il a été maintes fois répétés que le canidé est imprévisible, ce qui bien-sûr est faux, toutefois, c’est une excellente raison pour ne pas mettre en place, tous les moyens nécessaires de suivis, très pointus, que nécessite l’espèce, si l’on veut réellement comprendre et savoir comment définir un éventuel minimum de population viable. A commencer par la base de réflexion elle-même.
Bien-sûr il faudrait tenir compte de la structure de la population. Exclusivement du nombre d’individus matures. Définie selon les « experts » cités et les règles établies « scientifiquement » entre 60 et 5000 loups, ces deux extrêmes, tout à fait pittoresques, par ailleurs, étant bien-sûr à écarter ! C’est une évidence, la première ne correspond pas à nos territoires et la seconde ne correspond pas à nos capacités d’accueil, en France, bien entendu.
Il faut remarquer que les plus soucieux quant à la préservation du pastoralisme en France, expliquent aussi dans un essai publié le 2 août 2018 que les dimensions géographiques, en rapport avec les effectifs globaux de population doivent être envisagés également. Ce qui est tout à fait pittoresque, également, puisqu’il est affirmé qu’il faudrait tenir compte de population éloignées, comme par exemple, dans les pays de l’est, sous prétexte que des dispersions notoires de plusieurs centaines de kilomètres sont connues. Ainsi ces populations contribueraient de manière forte aux échanges de gènes entre les différentes sous-espèces. Garantissant ainsi un seuil de viabilité important avec des niveaux de population faible, en France, bien entendu.
Oubliant dans l’ensemble de ces chiffres que le loup même mature n’est pas un reproducteur avéré et pour cause, cette fonction étant, plus ou moins, réservée aux deux reproducteurs habituels ou évolutifs du groupe constitué en meute, alors que, une fois de plus, l’absence d’étude concernant les conséquences des tirs de destruction et du braconnage cryptique sur les naissances, ne permet en aucun cas de définir des effectifs de population qui seraient « viables » génétiquement ou pas, sur le long terme.
Compte tenu de la reproduction du loup et de ses modes relativement strictes si et seulement si , une pression de chasse, appréciée, faible, suivi, et contenue, s’exerce sur un groupe déterminé, il serait « scientifiquement souhaitable » de disposer de populations transfrontalières estimées entre 1800 et 9000 individus dans l’ensemble des pays pris en compte. 55% des individus matures étant considérés comme potentiellement reproducteurs.
Toutefois, considérant la dernière étude publié sur les niveaux d’hybridation du loup en Europe (voir le lien ci-dessous), le premier postulat est tout à fait révélateur, je cite :
« Peu connue, la fréquence des événements d’hybridation, leurs causes et l’impact génétique sur les populations de loups ne permettent pas d’établir des stratégies de conservation à long terme. »
Il n’est donc pas établi formellement que les transferts de gênes sont possibles de manière permanente entre les différentes sous-espèces présentes dans les différents pays pris en compte pour établir une valeur viable de population en France et ailleurs, de fait.
Ces pays pourraient être la Belgique, l’Allemagne, Suisse, Autriche, Italie, et les pays des Balkans.
Il faut faire remarquer à ce titre que de nombreux pays sont encore en phase de dispersion, comme en Belgique, France et Allemagne par exemple. Que de nombreuses niches sont donc ouvertes aux loups et que ces niches disponibles se referment quand elles sont occupées, la concurrence du loup envers le loup agissant comme un frein fort à la dispersion du loup lui-même quand il est en meute forte et établie localement.
La territorialité du loup comme base de réflexion :
Ainsi l’approche quantitative n’a guère de sens au 21ème siècle, en particulier dans les pays ou le loup a été éradiqué et ou il doit faire l’effort de reconquérir les territoires desquels il a été éliminé. Tout comme les populations humaines qui les reçoivent, souvent sans même le savoir. Et pour de nombreuses années, souvent.
Sans nul doute la base de réflexion doit se poser sur les potentiels de territoires à conquérir ! L’ensemble des potentiels internes à chaque pays permettant de fait la viabilité de la ou des sous-espèces du loup qui auront pris part à la prise en charge des territoires naturels possibles à son installation pérenne. Tant en terme de génétique qu’en terme d’effectifs de population.
Pour se faire, il faut donc connaître, donc étudier, les comportements du canidé quant à ses habitudes de dispersion. Hors nous avons accumulé un énorme retard sur cette science du loup qui reste floue à la majorité des intervenants, quand elle n’est tout simplement pas niée. Comme la présence du loup par ailleurs.
De fait, il serait donc nécessaire d’étudier les potentiels d’accueil, géographiques et numériques afin de valider le nombre de meutes possible sur un territoire connu. Et en définir en terme géographique le minimum viable de population.
L’ensemble des données permettant à moyen et long terme de décrire le paysage du loup dans tous les territoires. De définir éventuellement à l’étude, également, en fonction, entre autre de la définition de couloirs de dispersions locaux, départementaux, régionaux et nationaux, les meilleurs territoires à conserver, impérativement, afin d’établir l’espèce en toute connaissance de cause. En tenant compte de la spécificité des territoires en terme d’anthropisation, d’agriculture et de chasse.
Faute de voir se développer chaque année, un peu plus, le nombre de tirs inutiles qui n’ont que pour seul but d’apaiser les excès d’adaptations à mettre en place dans l’urgence, par le monde paysan de l’élevage ovin, en particulier. Mais pas uniquement ! Devant le fiasco actuel, pour le moins, il n’est pas temps de tirer toujours plus, afin de maintenir une population à un seuil de viabilité indéfinissable, que de choisir, objectivement les lieux ou doit, impérativement s’établir le loup.
Dans l’étude, la compréhension et la décision responsable, en lieu et place du déni actuel, suivi de tirs anarchiques et d’une cohorte de dommages collatéraux sur l’élevage qui s’ils persistent encore sonneront le glas du pastoralisme, à long terme. Alors que le niveau de braconnage du loup semble devenir de plus en plus intense sur l’espèce. Dans un système de gestion dont l’absurdité est le pendant du manque de compétences globales sur le sujet. Faute d’étude, qu’il serait souhaitable de mener aujourd’hui et dans l’urgence, avec les moyens généraux qui s’imposent, faute de continuer d’investir à perte sur la biodiversité.
Dans le monde paysan et éleveur on ne peut pas informer, on se croirait au moyen age, ils sortent immédiatement les fusils et ça tire à tord et a travers au risque de tuer n’importe quoi (le quoi pouvant être un humain aussi) Croyez moi je sais de quoi je parle, étant dans un village au trou du cul de la France (il y a pire.bien sûre). Et les fantasmes vont très très vites.
C’est tout à fait relatif
Je pense qu’il est illusoire de vouloir tout régenter . Ces animaux s’adapteront par rapport à leur environnement et leur capacité en nourriture . Afin d’éviter les dérives , il faut pouvoir réagir rapidement face à des comportements anormaux . Mais pour gérer ces problèmes , il est nécessaire d’avoir un minimum d’objectivité , avec des personnes lucides travaillant dans l’ombre des « mondes » médiatique , chasse et élevage , politiques locaux . Férus a publié un excellent article sur le Lynx dans l’Est de la France , avec les dérives de la surmédiatisation . Vivons heureux , vivons cachés ! Pour l’hybridation , c’est une manière déguisée d’annuler le statut d’espèce protégée . Vous aurez toujours le braconnage dans les zones rurales , avec des dispositifs de vision nocturne , ou la surveillance est quasi inexistante , je l’ai constaté dans ma vie professionnelle à plusieurs reprises . Nous pouvons tout acheter sur internet et dans les Pyrénées , l’Andorre n’est pas très loin . C’est toujours l’organisme qui crie le + fort qui a raison , et devant de tels comportements on reste désarmé et amer .
C’est assez surprenant, il n’y a eu que peu de médiatisation sur le lynx dans les Vosges. C’est peut-être , justement, le problème. Une chose est sûre! Le déni de présence d’une espèce ne rend pas le braco aveugle. Car bien sûr quand les derniers informés sont les adhérents des associations, alors que tous les acteurs de terrain savent ce qui se passe, je confirme, en effet qu’il est donc impossible de surveiller ce qui se passe, même en campagne.