Les intentions du ministre sont de plus en plus claires: Dans son élan de générosité guerrier habituel, dans une cascade cévenole de paroles irréfléchies, dans l’absence même de certitude Marc Fesneau fait le fada en Cévennes. Ses dernières paroles sont formelles, le chichou offert aux détracteurs du prédateur et aux lobbyistes de tous poils est même totalement énorme, il n’a peur de rien le ministre:
» le loup lui il ne sait pas ce que c’est qu’un parc national, la seule chose qu’il sait c’est les endroits où il est tranquille, donc si la question c’est d’éviter les attaques, il faut quand même qu’on se pose la question de pas lui laisser trop de zone de tranquillité parce qu’il fera ce que font les très grands prédateurs…il logera là-bas et viendra attaquer à l’extérieur… »
Avant d’écouter les désinformations du ministre qui veut flinguer toujours plus grand; il est nécessaire de rappeler, en prenant exemple du PNC, les espèces présentes, les impératifs de protection et les causes réelles et sérieuses de la richesse de biodiversité de cette biosphère à préserver dans son intégralité et non au gré des humeurs du ministre Fesneau:
En effet, la biodiversité du parc des Cévennes est le fruit d’une longue histoire géologique ou l’homme intervient depuis peu de temps en réalité, ici la richesse est d’abord produit par le travail de la Nature avec un grand « N », celle que ce cher Marc n’a toujours pas comprise à priori.
C’est dans la diversité du relief d’est en ouest qui présente de fortes pentes à plus de 50%, des vallées larges et profondes ou au contraire étroites et abruptes , des altitudes affichant entre 236 et 1453 mètres et pour le plus haut sommet 1699 mètres (Mont Lozère), des expositions subocéaniques sur l’Aubrac, subcontinentales en Margeride, mélanges de flux océaniques et méditerranéens au centre et des influences climatiques très variées donc que ce sont formés au fil des millénaires la forte diversité des paysages et de la faune…
Le parc national c’est 2400 espèces animales, plus de 70 mammifères, près de 200 espèces d’oiseaux, 16 espèces d’amphibiens, 26 espèces de reptiles et 25 espèces de poissons et près de 2000 invertébrés!
Contrairement à ce que vous explique le ministre, c’est bien l’Homme qui aux époques historiques de son évolution a fait disparaître pratiquement toutes les espèces de grandes tailles y compris ongulés et prédateurs et quasi tous les rapaces et il faut déjà conclure que les zones de tranquillité sont indispensables à toute la faune, y compris celle des prédateurs! Il faut même souligner que déranger le prédateur implique un dérangement global du milieu à moyen terme.
Même les plans de chasse admis dans le Parc National prévoient des zones de tranquillité comme en atteste cette carte:
L’action de l’homme aujourd’hui ne fait que préserver les acquis naturels par exemple par le maintien de milieux ouverts! Cette préservation implique-t-elle une régulation du loup sous prétexte il se cacherait dans les aires du parc national pour chasser en dehors du parc selon le ministre? Surement non, cette mimique intellectuelle tient du prosélytisme abscons des bonimenteurs extrémistes du pastoralisme, alors que pas une seule étude n’est mise en œuvre dans l’enceinte du parc afin de comprendre pourquoi et comment dans l’analyse de contextes précis le loup exerce une pression qui devrait rester « supportable » selon lui!
Tout comme le loup, le ministre lui ne sait pas ce que c’est un parc national, pour prendre exemple de la charte du parc national des Cévennes, il est clairement établi qu’un parc national est une réserve de biosphère. Selon L’Unesco:
» Les réserves de biosphère proposent des solutions conciliant la conservation de la biodiversité et son utilisation durable. Ce sont des domaines d’apprentissage du développement durable dans divers contextes écologiques, sociaux et économiques…«
En Cévennes le projet de territoire se présente ainsi:
» La relation entre l’homme et la nature est l’essence même du caractère du Parc national des Cévennes. Elle est donc au cœur du projet de territoire. La charte affirme ainsi que dans le Parc national des Cévennes, la présence des hommes n’est pas une contrainte pour la protection de la nature et des patrimoines, mais constitue au contraire une chance et un atout.«
La question qui se pose immédiatement est la suivante:
Marc Fesneau qui n’est qu’un homme à l’apprentissage douteux, devient-il une contrainte environnementale quand il explique que les zones de tranquillité, pourtant indispensables à l’espèce protégée, doivent être limitées, soudoyant même nos esprits par des propos dignes d’une « guindoule », donc empreints de maladresse, puisqu’il argumente également que sinon: « il logera là-bas et viendra attaquer à l’extérieur! » ??
Peut-on croire que le loup serait capable de stratagèmes, voire de conspirations alors que tous les scientifiques, sans exception ont confirmé depuis un siècle pour le moins que le canidé prédateur des herbivores évolue dans un territoire lui-même évolutif. Ces évolutions permettent l’adaptation, aux contextes, au changement climatique, à la présence de l’homme, voire même aux délires des ministres…
Certaines sorties de zone, en effet étant le fruit de l’instinct de découverte du canidé et de l’école du risque. Ces sorties de zones sont fréquentes y compris et surtout quand le canidé est dérangé, et souvent en rapport avec un fait de déprédation sur la période concernée qui peut durer plusieurs semaines, plus rarement plusieurs mois!
Les tirs de loups font partie des dérangements exercés sur l’espèce!
Avant de reprendre les propos nauséabonds du ministre Fesneau afin de contester leurs véracités scientifiques, il faut déjà envisager de présenter un contrôle de gestion de l’action des deux ministres concernés durant le dernier plan loup et l’exemple des Alpes est absolument édifiant concernant la mégestion qui a été mise en œuvre:
Alors que les conséquences des tirs ne sont toujours pas étudiées sérieusement:
Pendant que le dernier plan loup sur lequel le ministre aurait beaucoup travaillé ne tient nul compte des comportements naturels de l’espèce et pour cause les défauts de moyens des administrations concernées sont évidents et à la hauteur des mésinformations induites et organisées par l’État avec les complicités passives habituelles. (Ong/Ofb/Financements)
https://observatoireduloup.fr/2022/12/05/loups-pression-de-destruction-et-pression-de-depredation/
https://observatoireduloup.fr/2022/04/15/le-comportement-anastomotique-de-dispersion-du-loup/
https://observatoireduloup.fr/2021/11/30/les-potentiels-dinstallation-du-loup-en-france/
Les déclarations très contestables de Fesneau:
Parlons des moutons monsieur le ministre: nous reprenons ici les propos de S. Maubé du 27 mars 2024 concernant la situation de l’élevage dans votre agriculture…
Les traités de libre-échange internationaux actuellement dénoncés n’y sont pas pour rien (avec notamment la concurrence très agressive de l’agneau néo-zélandais qui fait tranquillou le tour du monde en porte-conteneur réfrigéré). Mais soyons honnête, l’Europe n’est pas claire non plus sur ses gigots voyageurs : la France exporte une grande part de ses agneaux en Espagne et en Italie, et en importe encore plus (essentiellement en provenance du Royaume-Uni, d’Irlande, d’Espagne et de Nouvelle-Zélande). L’agneau français ne représente désormais que 46% de notre consommation (ce qui signifie que plus de la moitié de l’agneau que nous mangeons vient d’un autre pays)
Mais tout n’est pas de la faute des grands de ce monde ni de l’Union Européenne, car un autre chiffre est sans appel : les français mangent de moins en moins d’agneau. En trente ans, la consommation nationale a diminué de 44%. Et ce phénomène est exponentiel : moins une famille cuisine cette viande et apprend à ses enfants à l’aimer, moins ces derniers auront l’habitude d’en manger. Résultat, c’est une viande pour senior ! Et son goût,
À noter que les débouchés du mouton français reposeraient à 40% sur la consommation musulmane (en raison de l’interdiction légale de réaliser des sondages portant sur l’appartenance ethnique ou religieuse, ce chiffre est à utiliser au conditionnel). Quelle que soit l’opinion de chacun sur l’abattage rituel ou l’intégration culturelle, il faut bien reconnaître que ce segment de consommation contribue largement à porter la filière ovine française. La fête de l’Aïd El-Kébir est bien sûr extrêmement demandeuse en agneaux, mais une consommation tout au long de l’année est également assurée grâce à une gastronomie où le mijotage, les plats en sauce et les saveurs de caractère font la part belle au mouton, y compris des morceaux moins plébiscités que les gigots et les côtelettes.
A l’évolution des modes de consommation s’ajoute le déclin de l’élevage ovin français. Peu rémunérateur et peu subventionné, il est particulièrement inféodé aux changements climatiques brutaux. Les longs épisodes de sécheresse accélèrent ainsi la décapitalisation des cheptels (en langage paysan : quand on ne peut plus nourrir ses animaux, on envoie plus vite les reproducteurs à la réforme et on diminue le troupeau ou bien on arrête l’activité).
L’avenir de l’agneau français est donc complexe. Et nécessite une approche de fond concernant l’autonomie alimentaire nationale et régionale, car le mouton est la clé de nombreux enjeux ! Résilient et sobre, il a su s’adapter à toutes les géographies du monde : montagne, dunes, landes, plaine, vent sec, embruns, sol granitique, vignes, forêts, désert,… Il y en a même qui mangent des algues ! Une seule condition : l’adapter à son environnement et ne pas l’élever en cheval de course ni en vache laitière. Sinon il prendra goût au luxe et perdra sa rusticité.
Tout ça pour dire que si vous souhaitez exprimer votre avis sur les traités de libre-échange et le démantèlement des outils de régulation agricole (pas uniquement sur le mouton), les Confédération paysanne de la Manche, du Calvados et de l’Orne vous invitent à rejoindre leur mobilisation ce jeudi à Flers à 10h30 (pique-nique et tracteurs bienvenus)
Et sinon, lire la provenance sur toutes les étiquettes (avec vigilance, même quand c’est écrit tout petit ou quand un macaron bleu-blanc-rouge sur l’emballage essai de nous leurrer !) reste la plus efficace des manières de soutenir la production française.Pourquoi les déclarations du ministre Fesneau sont-elles contestables:
Le loup déstabilise les filières agricoles,
c’est totalement faux, le ministre occulte les réalités du terrain, comme trop souvent, dans les faits c’est bien, l’attentisme coupable du ministre et de ses organisations qui implique une absence d’anticipation notoire:
L’écart temporel moyen entre les premiers indices formels de présence du loup dans un département et son officialisation par les instances de l’État est de 44 mois…Les ministres concernés ne semblent toujours pas avoir compris! Et cette incompréhension coupable implique également de tirer toujours plus en toute inefficacité!
La pression du loup doit être supportable,
cette affirmation n’a strictement aucun sens, alors que le cumul des contraintes environnementales qui s’exercent sur l’élevage sont très nombreuses et que travailler dans un milieu naturel protégé implique des droits mais surtout des devoirs! Ces contraintes dont la prédation sont les conséquences de nouvelles formes d’organisation du travail qui doivent à mettre remises en œuvre complètement quel que soit le type d’élevage et les catégories de ruminants placés à l’herbe! Et le tir du loup n’a aucun rapport avec l’organisation du travail, monsieur le ministre! C’est effectivement un subterfuge à se défausser de ses responsabilités, monsieur le ministre!
L’espèce génère un stress permanent,
c’est le cas uniquement si tous les moyens nécessaires ne sont pas mis en place après analyses précis des contextes des éleveurs concernés, après formations aux comportements du loup (formation qui n’est toujours pas mise en œuvre), formation à la protection des troupeaux, qui n’est toujours pas obligatoire, assistances techniques toujours trop légères, aussi légères que les propos du ministre de fait!
La brebis serait un outil de travail,
le mouton serait donc un moyen, un instrument, qui serait donc remplaçable si il n’est pas complètement adapté à la préservation de toutes les biodiversités des Cévennes, ou tout simplement mal protégé alors que les loups sont mal suivis, donc un outil auquel les données de compréhension nécessaires ne seraient pas associées comme il se doit.
le Patou ne ferait pas la différence entre un bipède et un quadrupède,
C’est totalement grotesque, le loup a mordu 36 fois en 2022 alors que plus de 5500 chiens de protection sont placés en alpage de montagne, si monsieur le ministre avait fréquenté de nuit comme de jour les troupeaux sous protection des chiens il saurait que le Patou, le Kangal ou le Transmantano et encore le Mâtin ou l’Abruzze ne font que leur travail alors que le touriste est volage et ne respecte guère les consignes de sécurité.
Ici encore le ministre nous trompe, les responsabilités sont humaines et non canines…
Il existerait encore un front de colonisation qui ne devait pas être trop puissant,
essayer de définir un « front de colonisation » à partir des données strictement officielles est une véritable gageure! Ce front n’existe pas, à l’évidence. A l’étude de la cinétique il est assez facile de comprendre que ce pseudo front est une chimère intellectuelle destinée à tromper encore un peu plus longtemps le citoyen:
Et un loup tiré en février ne mangera plus dans les semaines qui suivent…
Toutefois contester est plus efficace que tirer, ça vous crève les yeux, monsieur le Ministre.
Les phénomènes de dispersion sont très mal suivis, l’absence d’information et d’anticipation, de mise en responsabilité des acteurs, les défauts de moyen dans la mise en protection des troupeaux, le braconnage de l’espèce probablement, l’incapacité de l’État à s’organiser et à acquérir les compétences nécessaires, les défauts de formation et les pressions qui peuvent s’exercer, l’absence de vision des Ong concernées et l’ensemble de ces constats sont aussi de votre responsabilité.
Conclusions
Quant le ministre Fesneau veut flinguer du loup, il explique aussi:
Au sein du Parc National des Cévennes, « que le dérogatoire implique l’absence de tir, qu’on ne peut pas agir » et donc « si la question c’est éviter les attaques, il faut se poser la question de ne pas lui laisser (au loup donc) trop de zone de tranquillité »…!!!
Il va donc devenir indispensable d’expliquer au ministre Fesneau que l’abus de discours niaiseux va se traduire par des actions de terrain médiatisées dans les parcs nationaux français, au besoin…
Vous dépassez les bornes monsieur le Ministre! Halte au feu monsieur le ministre!
Cette nouvelle guerre du loup n’aura pas lieu!
Vous pouvez compter sur nous!
