LA GUERRE DU LOUP AURA-T-ELLE LIEU ?

Les événements de 2020 et 2021 déroulés en Saône-et-Loire sont tout à fait représentatifs. Il est souvent dit dans la presse que le prédateur erre en particulier, concernant de jeunes individus. Or à l’étude des faits il faut bien reconnaître que l’errance attribuée au loup est le reflet des pérégrinations d’une administration sans moyen et surtout sans solution, voire sans imagination, l’ensemble dans une incompréhension remarquable. Il suffit de décrire le déroulé des événements pour découvrir le lent processus désorganisé par les instances de l’État dans de nombreux départements de France, sous couvert de l’existence d’un front de colonisation au delà duquel l’État et son représentant (Office Français de la Biodiversité) seraient aveugles, sourds et même muets. Le budget alloué chaque année à la gestion de la présence du loup, d’environ 30 M d’euros, mal employé, faute d’incapacités, de moyen, de prospective et d’anticipation, semble donc mener systématiquement à la destruction du loup tout en générant un nombre de victimes domestiques totalement incontrôlé. Absence d’anticipation, absence de suivi, hésitations formelles et kilomètres de filet à mouton et données non publiées forment le naufrage d’une gestion qui se noie dans le sang et la poudre…

 


La prospective est-elle possible ?


Je cite :

« Dans l’Est de la France:

Dans le Morvan, le canidé sauvage est installé sur une zone vitale de 54 000 ha. Située sur la Nièvre et la Saône-et-Loire la présence de plusieurs individus ne fait aucun doute depuis janvier 2013. Une probable reproduction n’aurait donc pas été détectée, les années suivantes. Cette zone vitale est la source dès l’été 2017 de dispersion vers l’est du département de la Saône-et-Loire et en 2018 vers le département de l’Yonne et de la Haute-Marne (Châteauvillain juin 2018)  et de l’Aube officialisée le 19 juillet 2018 après 3 mois de présence . Le canidé pourrait s’installer durablement en Côte d’Or dès 2019. (A l’heure ou nous préparons ce dossier de nouvelles dispersions du loup se font jour officiellement dans l’Aube et l’Yonne. Cela n’étonnera personne!). Le loup était présent dans l’Yonne au sud de Joigny en novembre 2014 sur la commune de Charmoy et le 26 juin 2015 au sud de Vermenton. Il était présent en Côte d’Or de janvier 2014 à janvier 2015 au sud de Châtillon-sur-Seine, en dispersion de Haute-Marne.

Dans le Doubs, la présence du loup est avérée. Elle stimule des dispersions du canidé vers le nord du département du Jura, dans le secteur de Dole, et jusque dans le nord du département de l’Ain ou la présence d’une meute a court terme est tout à fait envisageable (2020 au plus tard)… »

Et encore :

« La présence du loup dans la Vienne, qui ne fait aucun doute, est en train de se concrétiser par la formation d’une zone vitale qui ne semble pas encore complètement définie. Elle s’étend entre 2016 et 2018 sur une surface de près de 100 000 ha, alors que la zone s’écoule jusque dans le département voisin de l’Indre. La Haute-Vienne est dispersé depuis 2014, au plus tard. Le loup s’est installé en groupe sur une zone de 65 000 ha positionnée sur le département voisin de la Creuse. Le canidé est présent en Corrèze depuis 2013, un groupe de trois individus était repéré sur le plateau de Mille vache depuis mars 2016.

La présence du loup en Sologne est vraisemblablement engagée depuis l’automne 2013. Loir-et-Cher, Loiret et Cher sont dispersés de plus en plus intensément en 2016, 2017 et 2018… »

Prospective de dispersion du loup 2019/2024 en France.

Et encore :

« La Seine Maritime et le Val d’Oise vont connaître de nouvelles dispersions du loup dans les 24 mois à venir, en provenance de l’Oise et éventuellement de l’Eure et Loir qui est dispersé depuis l’hiver 2017/2018, les effectifs présents en région parisienne depuis 2014/2015 dispersant vers le nord-ouest à compter de l’hiver 2017/2018. Un axe de dispersion, vers l’ouest, est compris entre Reims et Rouen… »

« Dans l’est: La dispersion du loup dans le sud-ouest du département du Bas-Rhin est probable dès 2020 sur un secteur situé entre Sélestat et Wasselonne. Une première période de dispersion a eu lieu dès l’hiver 2015/2016.La présence de Canis lupus italicus sur ce secteur est probable dès 2019… »

« En région Centre: C’est le Loiret qui va connaître les plus fortes dispersions du canidé dès 2019. Le loup va s’installer au nord de la Loire, entre Gien et Pithiviers avant la fin de la période décrite (2019/2025).  Les dispersions sur le département du Loir-et-Cher vont se poursuivre également. L’Indre-et-Loir, en particulier dans le sud du département va voir le loup disperser à nouveau. L’Indre, dans le sud du département va voir le loup s’installer avant 2020… »

« La Vendée et les Charentes-Maritimes connaîtront la présente du loup tardivement sauf braconnage dans les départements limitrophes (2024?). En Charente il est probable que le loup disperse en direction des départements du sud-est comme la Gironde ou encore en provenance du Département de la Dordogne. Une présence plus pérenne est possible dès 2020… »

 

L’ensemble de ces données (réalisées) a été publié le 3 août 2018, il est donc tout à fait envisageable d’établir une prospective de dispersion du loup probante et tout à fait possible.

 


L’anticipation est-elle possible ?


Sur la base de la production d’une prospective de dispersion probante, une politique d’anticipation est donc tout à fait possible et surtout indispensable sauf à vouloir organiser le fiasco actuel qui se résume en quelques mots :

« absence d’étude » concrétisée par un front de colonisation inexistant,

« absence de suivi » concrétisée par un défaut de moyen évident,

« absence d’information » concrétisée par l’absence d’étude et de suivi, et concernant la Saône-et-Loire d’incompréhensions notoires.

Prédations incessantes dans la plus grande incompréhension, et tirs de destruction incessants afin de palier aux errances de l’administration.

 


Saône-et-Loire, le déroulé du scénario qui mènent au fiasco :


En 2019, dans le nord du département, le 9 mai, une observation du loup est validée sur la commune de Barnay…probablement en dispersion de l’Yonne après une reproduction connue et non communiquée…

En 2019 une prédation sur domestique a fait l’objet d’une indemnisation ( cf dommages aux troupeaux Dreal 2019), les faits ne sont pas connus, ni communiqués !

Sur un ensemble de 32 données recueillies en 6 mois, en 2020, par le réseau loup, soit environ une donnée par semaine, 11 données sont classées «invérifiables », les investigations nécessaires n’étant pas entreprises. Toutes ces données invérifiables sont placées sur les axes de dispersion du canidé, dans les zones de dispersion et sur les lieux d’attaques des troupeaux.

Sur ce même ensemble, 12 données sont classées « non retenues », toutes ces données à l’exception de 3 qui concernent vraisemblablement la présence du loup au nord du département depuis 2019 et qui est éventuellement encore présent en 2021, sont placées sur les axes de dispersion du canidé, dans les zones de dispersion et sur les lieux d’attaques des troupeaux.

En 2020, 214 victimes domestiques du loup sont indemnisées, 65 000 euros de filet à mouton auraient été dépensés, en pure perte et pour cause, les faits connus qui auraient dû alerter et engager immédiatement un plan d’action prioritaire destiné à informer et mettre en œuvre des moyens cynophiles de protection entre autres formations aux éleveurs ne sont toujours pas en place en juin 2021 !

Le 13 novembre 2020, un canidé est abattu sur la commune de Gourdon

En 2021, il faut encore envisager que le loup se disperse de l’Ain, du Doubs, du Rhône, de Suisse, de l’Yonne et probablement d’Allemagne, entre autres dispersions non détectées officiellement.

Le scénario du pire est en place, un maximum de déprédations, pour un maximum de tirs de destruction, dans une gabegie qui pourrait devenir habituelle. En 2021, au 25 mai, 193 ovins sont victimes du loup. Le 9 juin 2021, un deuxième loup est abattu, après une confirmation de la préfecture concernée qui atteste de l’absence du canidé sauvage, dans l’attente des prochaines dispersions et probablement de nouvelles déprédations faute d’anticipation, de suivi et de compréhension des phénomènes !

 

Les mêmes processus, en 2021, se développent en Vendée, Seine-Maritime, Loire-Atlantique, Morbihan, Finistère, Vienne, Bas-Rhin, Yonne, Allier, Haute-Loire, Tarn, Lot, Charente, Deux-Sèvres, Maine-et-Loire, Mayenne, cette liste n’étant pas exhaustive!

 

Les conditions de la guerre du loup sont en place, alors qu’il est tout à fait possible d’anticiper….Cette guerre conduira donc à toujours plus de déprédations et toujours plus de tirs de destruction.

DÉTECTION DU LOUP ET OFFICIALISATION DE SA PRÉSENCE : LES DÉLAIS CONSTATÉS

 

3 commentaires sur “LA GUERRE DU LOUP AURA-T-ELLE LIEU ?

  1. En septembre 2021 en Saône et Loire, le loup prend ses marques à nouveau, les louvetiers sont de sortie…Un grand moment d’écologie à la française !

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