DOMMAGES COLLATÉRAUX ET CONSÉQUENCES DES TIRS DE DESTRUCTION DU LOUP

TIRS DU LOUP : DOMMAGES COLLATÉRAUX ET REPORT DES PRÉDATIONS DU LOUP DANS LES ALPES

En premier lieu il faut confirmer, contrairement à ce que les syndicats ou associations d’éleveurs affirment, que la région PACA ne connaît pas une chute des effectifs d’animaux d’élevages de rente, qui serait due, selon eux, à la présence du loup.

Au contraire, il faut souligner, que les cheptels progressent en volume dans cette région, plus 8% concernant les ovins, sur la période d’étude, plus 14% sur les caprins avec une stagnation-régression du cheptel bovin (-2%). A la lecture des nombreuses données analysées, il ressort, concernant les tirs de destruction du loup, sur les troupeaux ovins, qu’ils engendrent dans 83% des cas des dommages collatéraux sur les bovins, caprins et équins, et probablement chez les particuliers détenteurs de bêtes d’agrément. Il existe donc des reports plus ou moins marqués selon les départements, l’analyse des données nationales et régionales, départementales, comparatives ou cumulatives prouvent que les phénomènes de reports variés n’ont lieu que sous pression de chasse, la conséquence la plus marquée étant les nombreuses interactions négatives entre loups et chiens de protection. (forte augmentation de la mortalité due aux tirs, à l’évidence)

 

L’étude porte sur la période 2017/2020:


Les données prises en compte regroupent, au niveau national:

En prémices de l’étude complète, les années 2016 et 2017 sont comparées concernant les évolutions. Ces deux années sont représentatives d’une pression de destruction du loup constante.

( 2016 : 36 tirs/ 2017 : 34 tirs). Les années suivantes sont caractérisées par une forte augmentation de la pression de destruction sur l’espèce ! L’évolution des prédations non prises en charge est également évaluée. Les taux de prise en charge passent de 97% (2016) à 95% en 2020.

Les catégories de proies domestiques, ovins, caprins, bovins, équins, la mortalité des chiens de protection due aux dommages du loup, les dommages classés « divers » l’évolution des effectifs de loups et du nombre de groupes, du nombre d’attaques, l’évolution du nombre des herbivores domestiques prélevés, le nombre moyen de victimes par loup et le nombre moyen de victime par attaque et le nombre de chiens placés, la biomasse disponible par loup, sont présentés. L’évolution des cheptels ovins, caprins et bovins est prise en compte concernant la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Les données sont suivies en nombre, en biomasse et sont converties en base 100 au besoin.

Ces catégories sont également converties en biomasse, comparées au niveau national à la région PACA comparées aux régions Grand-Est et Bourgogne France-Comté, les tendances sont analysées à partir de la lecture des pentes (coefficient directeur).

Évolution nationale sur la période 2016/2017 comparée à l’évolution en région PACA

 

Les constats :


Sur cette période les cheptels bovins baissent de 4%, le cheptel ovin de 3% et le cheptel caprin augmente de 15%, ces variations n’ont pas de conséquence sur le nombre des victimes puisqu’il est également établi qu’entre 2016 et 2020, les effectifs ovins ont augmenté de 8% en 2019 alors que le nombre de victimes ovines chute de 12% entre 2018 et 2019.

Dans une politique de tirs de faible intensité il ressort :

que le nombre d’attaques au niveau national et au niveau régional (PACA) évolue dans la même fourchette comprise en 13 et 16% alors que le nombre de chien de protection évolue en moyenne de 13% par an. (période 2016/2020)

que malgré les tirs de destruction le nombre de victimes par attaque augmente 4 fois plus rapidement en région PACA qu’au niveau national. Une évolution de 3% au niveau national se traduit par une évolution de 12% en région PACA, alors que l’évolution du nombre d’attaques est comparable.

Sur la période concernée (2016/2017) il est établi que les tirs de destruction du loup sont improductifs, voire génèrent une augmentation du nombre des victimes (+19% par attaque), alors que les effectifs de loups augmentent de 23% et le nombre de meute de 49% dans le même espace de temps. Il faut noter que des reports de prédation existent puisqu’en 2017, l’évolution du nombre de victime bovines augmente de 25% sur les caprins et 16% sur les bovins alors que les prédations sur les ovins stagnent pendant que le nombre des chiens tués sur les estives augmente de 20%.

Un autre phénomène se développe sur la période 2016/2020 sur les victimes classées dans la case « Divers » (donc hors caprins, bovins, équins, ovins), les reports fluctuent d’une année sur l’autre entre chute et hausse avec une tendance permanente à la hausse : + 55% en région PACA.

 

Évolution nationale sur la période 2016/2018 comparée à l’évolution en région PACA :


L’étude se réfère aux nombres de tirs et aux évolutions constatées !

Premier point, entre 2016 et 2018 le nombre de tirs en région PACA augmente de 40%, alors que la majorité des tirs sont engagés dans cette région, il faut constater les réalités suivantes :

    • le nombre d’attaques a augmenté de 3% pour un nombre de victimes par attaque en baisse de 6%, le nombre de chiens placés a augmenté de 22% ce qui explique la baisse du nombre de victimes par attaque de loup (baisse de 6% sur des niveaux records, tout comme au niveau national). Les chiens sont plus efficaces sur les ovins, toutefois le nombre de victimes global a augmenté de 9%, en biomasse prélevé, soit 2 fois moins vite qu’au niveau national. Il y a donc un report progressif dans les comportements de chasse du loup et les interactions négatives (mortalité) avec les chiens de protection explosent.
    • Le nombre des victimes s’établit ainsi :ovins, – 12%

      bovins, + 29%

      caprins, – 4%

      équins, + 10%

      divers, + 17%

      chiens, + 586%

 

Les troupeaux domestiques non protégés ou peu protégés subissent une plus forte pression du loup alors que les interactions mortelles concernant les chiens de protection augmente de 62% au niveau national et 10 fois plus rapidement au niveau régional, ce phénomène s’explique partiellement par une augmentation des meutes de 63% d’une part (national), une chute de la biomasse domestique disponible par loup (- 15%) et les tirs exercés au troupeau, essentiellement sur les ovins et sur les troupeaux les moins bien protégés ou les plus accessibles, dans leurs contextes.

Cette forte augmentation du nombre de meutes, de loups sous forte pression de chasse, s’explique par les phénomènes de résiliences qui se mettent en place depuis 2015.

Voir l’étude suivante :

https://observatoireduloup.fr/2019/04/26/analyses-de-la-reproduction-des-predations-et-dispersions-du-loup-dans-le-contexte-francais-sous-pression-de-chasse/

Il faut constater par ailleurs que les chiens non accompagnés par l’humain de nuit, dans les estives, disputent les cadavres aux prédateurs, ce qui peut expliquer le nombre croissant des victimes ovines par attaque de près de +9% en PACA pour une baisse de -6 % au niveau national, soit un écart conséquent compte tenu de la forte augmentation de la pression de destruction sur le prédateur.

Les tirs et l’augmentation de la pression de destruction sur l’espèce sur cette période ne permettent toujours pas, de réduire le nombre d’attaques sur les troupeaux, de réduire le nombre de victimes par attaque, ni même l’évolution des effectifs de canidés puisque sur l’ensemble de la période 2016/2020 les effectifs de loups augmentent de 18% en moyenne par année pour une variation connue, moyenne, de 12,5% avant cette période. Cette augmentation des effectifs de 18% se traduit par une augmentation du nombre de meutes de 63%. Entre 2006 et 2013, soit sur une période de 7 années, le nombre de meute a doublé, il faut donc noter que la pression de tirs entraîne une augmentation de près de 60% de la croissance du nombre de groupe dans les Alpes depuis 2017. Les tirs de destruction engagent donc des effets de résilience indéniables qui conduisent à une augmentation de la densité de loups dans les Alpes ! Le nombre des victimes est lié au nombre d’attaques lui même lié au nombre de meutes dont l’évolution est liée à la forte pression de chasse sur l’espèce depuis 2018.

Sur cette période les cheptels domestiques évoluent ainsi :

Stagnation en bovin et caprin, augmentation du cheptel ovin de 4 % . Malgré la pression du loup en région PACA, les cheptels ne sont donc pas en retrait, bien au contraire !

 

Évolution nationale sur la période 2016/2020 comparée à l’évolution en région PACA :


En 2019, il faut constater en région PACA, les évolutions suivantes : Après un quasi doublement du nombre de tirs de destruction du loup, totalement soudain, il faut constater une quasi stagnation des victimes ovines, une augmentation de 19% du nombre d’attaques sur les troupeaux, une augmentation de 34% des victimes bovines (reports de prédation avérés), une stagnation des prédations sur les équins (tirs sans effet), une augmentation de 15% des victimes sur les caprins (reports de prédation avérés) et une baisse provisoire des interactions avec les chiens de 34%. Cette évolution, concernant les chiens de protection, ne peut pas s’expliquer par les tirs de destruction puisque dans le même contexte en 2020 le nombre de chiens tués augmente de 54% .

En 2019, il faut confirmer les phénomènes de résiliences engagés, les populations de loups augmentent de 23%, au niveau national entre 2018 et 2019, pour une évolution égale des groupes de 26%. (national) Alors que la biomasse prélevée par le loup a augmenté de 73%. Le loup compense les tirs en cherchant à prélever des proies plus grosses dans des troupeaux non protégés, et exclusivement dans les Alpes puisque ce phénomène, ne concerne pas les autres régions de France (Grand-Est et Bourgogne/Franche-Comté), tout comme le phénomène concernant les chiens de protection.

La baisse de l’évolution du nombre des meutes : cette baisse de la croissance des groupes s’explique pat la chute de la biomasse domestique disponible par loup, en particulier concernant les ovins, puisque les cheptels domestiques varient peu alors que le nombre de loups augmente de 81% ( période 2016/2019), entre 2016 et 2019 cette baisse de 38% (biomasse disponible) ne permet plus d’assurer la survie des groupes et il faut constater dans les données du réseau loup une forte augmentation des proies détectées (indices de présence du loup) concernant les herbivores sauvages (cerf, chevreuil, chamois et probablement lagomorphe), comme durant les années précédentes. En 2020, ce schéma évolutif se confirme ! Ces données confirment l’accélération probable des flux de dispersion du loup au départ des Alpes, vers l’ensemble des régions de France en 2019. Tout comme en 2020 et tout aussi certainement en 2021. ( cf Saône-et-Loire, Centre Val-de-Loire, Tarn, Pyrénées, etc)

 

Évolutions et tendances détectables en 2020 :


La situation nationale est la suivante, les prélèvements stagnent sur les ovins (effectif prélevés en baisse de 2% en PACA, comme en national, les tirs ne produisent donc aucun effet notoire), les prélèvements hors troupeaux (ovin/caprin/bovin/équin) représentent 18% des proies consommées pour 3% en 2016 pour une chute notoire en 2020 en terme de dommages (-65%). Les prélèvements sur les bovins augmentent encore de 40%, + 16% sur les caprins, pour une baisse des effectifs (caprins) de 6%, les effectifs prélevés sur les équins est en forte chute (divisé par 2,5) et l’évolution de la population de loups est de 10% en chute forte, cette dernière donnée confirme que l’évolution des populations de loups est en rapport direct avec la biomasse disponible alors que la politique de destruction du loup n’a fait qu’accélérer un phénomène naturel d’adaptation aux potentiels de proies disponibles. La densité de loup dans les Alpes a donc fortement augmenté entre 2016 et 2020. Les tirs n’ont globalement aucun effet compte tenu des phénomènes de résilience. Ce phénomène implique à l’évidence une régénération des flux de dispersion au niveau national, alors que l’âge moyen des individus adultes et probablement en forte hausse dans les Alpes !

La situation en région PACA est la suivante : les prélèvements stagnent sur les ovins (effectif prélevés en baisse de 2%), les prélèvements « Divers » sont en forte hausse (+96%), les prélèvements sur les bovins sont en forte hausse, plus 25%, le cumul sur la période 2016/2020 s’élève à une variation de 215% et la tendance est à la hausse, en moyenne de 54% par an, et dans une moindre mesure concernant les caprins qui connaissent une augmentation de 11%  ! Les prélèvement sur les équins augmentent dans une moindre mesure (+9%) alors que la tendance est en forte chute au niveau national,. Cette situation régionale se démarque donc de la situation nationale alors que le seul indicateur variant est représenté par la pression de destruction sur le loup, un second indicateur étant la variation du nombre de chiens de protection.

  1. De fortes variations des niveaux de tirs de destruction à la hausse entraînent de forte variations des niveaux de prélèvements sur les bovins, l’analyse des pentes atteste que les phénomènes sont liés tout comme sur les caprins et équins (reports moins fréquents). Ce phénomène est constaté également sur les proies « Divers » dans les mêmes intensités que concernant les bovins.
  2. Concernant la mortalité des chiens il faut constater que le phénomène est variable mais la tendance est à une forte augmentation des faits.
  3. La baisse du nombre de victimes est essentiellement due à l’augmentation du nombre de chien, soit pour une augmentation de 53% sur toute la période une chute de 14% des pertes obtenue en 2018 et 2020 et après 289 tirs de loups sur la période !

 

Prévisions 2024:


Évolutions des déprédations, en France, suite aux tirs de destruction du loup, à moyen terme,

il faut considérer que cette politique de tir absurde et anarchique va engager aux conséquences suivantes :

une forte mortalité des chiens de protection multipliée par un coefficient 4 en 5 ans,

une forte augmentation des déprédations et des prélèvements sur les « divers », et probablement chez les particuliers détenteurs d’animaux d’agrément multipliée par un coefficient 4,5

une forte augmentation des déprédations sur les bovins de l’ordre de 3,4 fois…

Concernant les caprins, après une forte augmentation, en 2018 et 2020, il est possible que les moyens de protection mise en œuvre bloque le phénomène… C’est à apprécier ultérieurement.

Conclusions :

La politique actuelle de tirs de destruction engagée depuis 2016 dans les Alpes génèrent de nombreux dégâts collatéraux vers les troupeaux peu protégées en particulier sur les cheptels bovins, caprins et divers, et vraisemblablement vers les animaux d’agréments des particuliers, alors que l’augmentation du nombre de meutes, qui est un effet induit de la pression exercée sur l’espèce, laisse entrevoir une augmentation de la pression de chasse sur la faune sauvage. Cette politique absurde a consisté à augmenter la densité de loups dans les Alpes dont la seconde conséquence est vraisemblablement une accélération des flux de dispersion vers l’extérieur de la région PACA.

L’augmentation élevée des nombres de tirs entraîne également une généralisation progressive des zones de conflits entre élevages et prédateurs, cette politique, si elle est poursuivie à moyen terme va entraîner de forts reports à moyen terme. La guerre du loup organisée par l’État, qui ne connaît par ailleurs aucun équivalent en Europe de l’ouest n’apporte aucun résultat probant puisque le nombre d’attaques est en augmentation et cette linéarité s’inscrit sur le long terme. La biomasse des domestiques prélevés par le loup ne cesse d’augmenter alors que de nombreux phénomènes de résilience sont engagés, par réaction, dans les groupes qui subissent des pressions toujours plus fortes, alors que le braconnage cryptique n’est absolument pas étudié en France.

Cette politique n’aura pour conséquence qu’une généralisation du phénomène de la prédation sur les domestique d’ici 2024 au plus tard.

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