LES EXTRÉMISTES DU PASTORALISME LANCENT-ILS DES CHASSES AUX SORCIÈRES?


L’AVIS DE L’OBSERVATOIRE DU LOUP:


La présence permanente du loup, la mise en place de moyens de protection, les communications sur le sujet, les témoignages diffusés dans la presse ou les réseaux sociaux, voire même de simples avis posés sur un statut « facebook » semblent considérablement gêner les démarches des groupuscules extrémistes du pastoralisme,  concernant les résultats obtenus en terme de protection des troupeaux.

En particulier quand les témoins directs, éleveurs ou bergers confrontés aux canidés sauvages expliquent qu’ils obtiennent de bons résultats, face au prédateur, en rapport avec leurs investissements personnels.  Les extrémistes du pastoralisme lancent-ils des chasses aux sorcières?

Certains témoignages relatent des clôtures endommagées, des lignes téléphonique coupées, des chiens empoisonnés, des menaces plus ou moins directes, en résumé des pressions inadmissibles qui semblent tout à fait en rapport avec les faire-valoirs diffusés par ces mêmes groupuscules connus dont l’objet est de désinformer les éleveurs afin d’organiser une pensée unique et dont le seul objet serait d’obtenir toujours plus de tirs de destruction sur l’espèce. Tirs pour l’instant, sans aucune efficacité obtenue et prouvée, depuis 2015!

Ces groupuscules plus ou moins soutenus par des associations, des élus, des instituts officiels, voire des Centres d’étude financés par les Régions et l’Europe, voire par des associations étrangères européennes usent de tous les moyens pour communiquer sur les dogmes du loup réintroduit, hybridé et voleur d’enfants, sur le dogme du ré-ensauvagement et de la financiarisation de la nature au détriment des éleveurs et qui vient de faire un « flop » médiatique retentissant.


Alors que la Ddtm concernée a engagé de nouveaux dossiers auprès de certains départements « pilotes » comme la Haute-Loire, La Savoie ou encore les Vosges -en rapport avec des études et réflexions à produire sur un sujet très controversé: la « non protégeabilité » des troupeaux, donc une incapacité à pouvoir se préserver des déprédations sur les domestiques- il faut bien reconnaître que certaines situations dans les Alpes révèlent d’énormes écarts en terme de résultats obtenus face à la prédation du loup sur les troupeaux. Ces écarts qui ne sont soumis à aucune étude, aucun contrôle et aucune obligation, finalement, ne sont pas expertisés. Les causes restent donc inconnues d’années en années alors que moins de cinq cent éleveurs en France (488 exactement) sont l’objet de 60% des dommages aux troupeaux, soit environ 6420 victimes , en 2018.

Hors cette nouvelle étude sur la « non protégeabilité » et ces nouvelles réflexions ne vont pas porter sur ces 488 éleveurs impactés, dans les Alpes, mais bien sur des départements qui ne connaissent pas le niveau élevé de pression de chasse actuel sur les troupeaux domestiques. Alors qu’aucune étude n’est mise en oeuvre au sujet de l’évolution de la faune sauvage des herbivores dans l’arc alpin.

Doit-on parler de dérive notoire en terme de compréhension des faits?

 


TÉMOIGNAGE:


Le loup en France est officiellement de retour depuis 27 ans.

27 années de coexistence difficile et douloureuse qui se rajoutent aux nombreuses contraintes socio économique qui affectent le pastoralisme. Les 12000 victimes domestiques  auxquelles on peut ajouter les bêtes disparues et blessées en sont les témoins, tout comme les éleveurs et leurs familles. Il n’empêche que cette coexistence existe, nul ne peut la nier. Elle n’a pas le même niveau de réalité partout sur le territoire car certaines régions sont en début de colonisation par les loups et pour d’autres, leur présence fait partie du quotidien.



« Cette présence quotidienne, pour ceux qui ont mis des moyens de protection en place, c’est une organisation de tous les jours, des chiens, de la surveillance du troupeau, des clôtures, de la paperasse supplémentaire a remplir et parfois des cadavres à ramasser. »



Tout ceci demande de nouvelles compétences qu’il faut acquérir, du temps, beaucoup de temps même, mais aussi des moyens, souvent supérieurs aux financements. Les protections sont-elles efficaces pour autant ? C’est une vaste question, tant les contextes et modes de conduites sont variés. Mais il est évident qu’ils sont nécessaires dans le quotidien, même si le risque zéro n’existe pas. Tous ceux qui travaillent avec le vivant savent que l’on ne peut jamais avoir la maîtrise complète, car les variables sont nombreuses et complexes. En protection des troupeaux, c’est pareil.


« Une autre question pourrait être : est-on arrivé aux limites de ce qui peut être fait ?

Personnellement je ne pense pas, car de tout temps l’agriculture a été en continuelle expérimentation, amélioration, réflexion et partage d’expériences. C’est une partie intégrante de notre métier. »

Comprendre cela ne veut pas dire que rien n’a été fait, ni même que ce qui a été mis en place est satisfaisant en terme de résultat. Mais nul doute non plus qu’il y a des avancées parce que certains se sont mobilisés pour comprendre et améliorer la protection des troupeaux. C’est encore le cas aujourd’hui et il en sera de même demain. Seulement voilà, les paysans, au sens noble du terme, n’ont pas tous la même vision de la coexistence, et pour ma part je dirais tant mieux !


« Entre ceux qui veulent avancer et ceux qui croient encore à une hypothétique éradication se creuse un fossé énorme alors même que la seule chose que l’on sait réellement, à court et moyen terme, c’est que la population de 500 loups est l’objectif. Une population à effectif supérieur est possible mais une population à effectif inférieur ne sera, dans le contexte actuel, pas envisageable. »



Et c’est là qu’il y’a un problème à mon sens. Peu importe que le Paysan soit pro coexistence ou favorable à l’extermination, il faudra se protéger toujours mieux. Il faut pouvoir échanger et confronter les idées. Non pas pour atteindre l’objectif de 0 victime domestique, comme certains nous le rabâchent de façon utopique dans le contexte actuel, mais bien pour faire baisser ce nombre de victimes. Ça serait déjà un grand défi. Parler de technique de protection, de financements des moyens, d’aspect juridique,  etc, n’oblige absolument pas à avoir une position tranchée et commune. Chacun a du bon à apporter.


« Récemment un petit groupe d’éleveurs, (très visible mais finalement peu représentatif  des différentes opinions de la corporation), s’est mis en tête semble-t-il, de démonter toutes possibilités d’avancées. Les moyens de protection seraient pour certains de la ¨collaboration¨, tout comme travailler avec des ¨pro loups¨, vendre des chiots de protection, demander des financements ou même avoir un simple avis différent de leur doctrine. »

Par divers moyens, notamment en se servant des réseaux sociaux pour stigmatiser les éleveurs divergeant auprès de leurs voisins ou de leur corporation, ils tentent de faire pression sur ceux qui voudraient avancer.
Ces méthodes sont intolérables et contre-productives. Les éleveurs et salariés agricoles ont le droit de penser autrement et ils ont aussi le droit de le dire !!! Il faut absolument sortir  de cette simplification à outrance.
Voir, par exemple, la demande d’emploi d’un berger sur Facebook, sabordée par sa propre profession  parce que le berger est favorable à une forme de cohabitation, ou voir un éleveur stigmatiser comme ¨pro loups¨ parce qu’en désaccord avec un ¨ chef ¨ de collectif d’éleveurs, ou constamment dénigrer toutes études et actions qui viendraient d’un autre monde que le monde agricole (écologiste notamment), ou même le travail des différents syndicats sur ce sujet, c’est aller à l’encontre d’une amélioration potentielle. La ¨chasse aux sorcières¨ comme certains éleveurs la décrivent eux même doit cesser. Il en va de la continuité de l’élevage qui en subit les freins, mais aussi d’une certaine façon de la liberté d’opinion qui est entachée. Si on espère un jour faire baisser le nombre de prédations, il faut travailler ensemble pour obtenir plus de moyens. Que ce soit en terme d’études d’éthologie du loup dans notre contexte, en terme d’avancée juridique pour faciliter l’utilisation du chien de protection, débloquer des financements et moyens pour les productions non éligibles actuellement (bovins, équins, camélidés etc). La liste des possibilités est longue…


« La coexistence à l’heure actuelle, dans notre contexte, n’est pas un choix mais un fait. Elle peut prendre plusieurs formes et tendre à évoluer mais elle est incontournable. »


Il serait grand temps que certains s’en rendent compte, de manière à cesser « d’abîmer » l’image du monde de l’élevage auprès des citoyens, par des positions décalées du contexte réel et caricaturales, et afin de permettre des  améliorations pour ceux qui le désirent, dans leur quotidien déjà difficile.

Simon Merveille , éleveur caprin en zone de présence permanente du loup dans les Alpes de Haute Provence depuis 11 ans.

12 commentaires sur “LES EXTRÉMISTES DU PASTORALISME LANCENT-ILS DES CHASSES AUX SORCIÈRES?

  1. Quand à dire que les Italiens considèrent que le loup est un allié c est moins sûr. J arrive d Italie le loup bénéficie d’un statut sur sa protection mais dans les faits la réalité est différente et la cohabitation pas si simple.

  2. C’est quand même dingue cette histoire de gestion du loup. Les Espagnols et les Allemands semblent bien vivre avec les leurs, quant aux Italiens ils le considèrent plutôt comme un allié dans la gestion du sanglier. Les Américains en réintroduisent au Yellowstone avec un résultat des plus instructifs. Nous sommes les seuls à être martyrisés par le loup? Sommes nous plus cons que la moyenne ou bien manipulés par un lobby anti loup? Si encore on basait nos décisions sur des études sérieuses mais ce n’est même pas le cas. Que le politique, vénal par essence, cajole les agriculteurs et les chasseurs dans un but électoral, on en a l’habitude ; mais que les agriculteurs et les chasseurs ne se fondent que sur des craintes et non sur de la science, on pourrait espérer mieux. C’est navrant.

  3. N’oublions pas et rappelons qu’au menu – qui lui n’est pas quotidien – de Canis Lupus il y a d’abord la faune sauvage dans des proportions = ou > à 75 % de ses proies. De nombreux chercheurs y compris ceux de l’Oncfs sont d’accord pour constater un accroissement exponentiel des ongulés depuis plusieurs décennies et ce malgré la pratique de la chasse, voire à cause de la chasse comme le démontre certaines recherches éthologiques ….!
    Le gade manger est donc bien pourvu.
    Les tirs d’effarouchement « réfléchie » sont peut être voire certainement une des solutions pour les bergers et éleveurs …. afin « d’éduquer » l’animal sans éradiquer l’espèce.

    1. Les systèmes d’effarouchement ne fonctionnent pas. En présence du loup certains comportements favorisant la déprédation sur les domestiques doivent disparaitre. Ces comportements inadaptés concernent tout le monde…de l’habitant, au randonneur en passant par le paysan et le chasseur…Pour que cela soit compris il faut informer et anticiper…

  4. Bonjour, il n’est pas certain que de vouloir empêcher les gens de s’exprimer soit la solution, ma remarque est valable pour tous les avis.
    Dans vos propos sur ce site, j’ai du mal à comprendre votre position vis avis des chasseurs et de leur l’office. N’ont ils pas une responsabilité flagrante dans le situation actuelle ? Que vont-ils faire lorsque la population de cervidés sera nettement réduite (c’est déjà la cas dans certains secteurs) ? Les loups ont une grande ressource alimentaire avec les sangliers, en sera-t-il toujours de même ?
    Merci en tout cas pour votre travail sur le sujet du loup.
    Cordialement

    1. Tout le monde est responsable de la situation actuelle, les autorités en particulier…les acteurs de terrain qui sont nombreux, également. Les ONG tout autant…

  5. C’est complétement invraisemblable, il est impossible de tout clore d’une façon efficace contre le loup, donc avec des clôtures électriques ….. et quel gâchis dans la montagne et la campagne….;, déjà avec des clôtures ordinaires….. les brebis peuvent passer et, le loup peut sauter facilement les clôtures. Pour rentrer le soir des brebis dans les alpages, il faut évidemment construire des bergeries suffisamment grandes pour héberger parfois plus de 500 bêtes, ce qui dénature aussi la montagne et laisse de nombreuses traces. Pour des petits troupeaux c’est faisable .Et il faut aussi des chiens de protection qui osent s’attaquer au loup, Le patou est vite dépassé. Enfin, il ne faut pas oublier que pour les éleveurs, la perte d’animaux déchiquetés et agonisants ‘est difficile à supporter et ce n’est pas qu’une question d’argent . C’est dur pour les éleveurs, le travail est physique et il ne faut pas compter ses heures et surtout pour les jeunes qui s’installent , alors si en plus il leur faut gérer le loup!!!!!

  6. Je trouve ce texte tellement alambiqué que j’ai beaucoup de mal à comprendre le fin mot de l’histoire (je n’ai jamais prétendu être très intelligent…). Par contre je suis assez branché protection des troupeaux et je vais une fois de plus expliquer pourquoi je me suis fait descendre en flammes. C’est une histoire en 3 actes:
    1. les éleveurs aimeraient éradiquer le loup, ce que l’on peut comprendre sans être forcément d’accord.
    2. les Politiques soutiennent mordicus les éleveurs /électeurs (pour l’instant le loup ne vote pas encore).
    3. protéger les troupeaux c’est  »accepter » la présence du loup et donc c’est aussi protéger le loup. CQFD !!!
    Notre enclos sécurisé à 2000m d’altitude a éliminé les attaques de nuit et c’est au berger de gérer les attaques de jour.
    Si tout le monde faisait la même chose le loup se replierait sur la faune sauvage ce qui limiterait sa prolifération….

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