La charge cynégétique sur le loup. Conséquences de la pression de chasse.

Aucune étude actuelle ne prouve que la pression de chasse exercée sur Canis lupus, engendre une modification profonde de la structure de population. En comparant les données existantes, et réunies entre autre, par J.M. Landry, il ressort :


Dans les pays ou le loup est une espèce cynégétique :


les effectifs sont stables dans 78% des pays concernés,

les effectifs sont en hausse dans 15% des cas étudiés,

les effectifs sont en baisse dans 7% des pays ou le loup est une espèce classée « cynégétique. »


Dans les pays ou l’animal est protégé, il ressort que:


la population est stable : 38%

la population augmente : 50%

la population baisse : 12%


Dans les pays ou le canidé est « non protégé », il ressort :


la population est stable : 47%

la population augmente : 16%

la population chute : 37%

La réglementation influe directement, sur l’état quantitatif des populations de canidés.

L’absence de réglementation implique une incapacité à gérer les effectifs de manière stable.

Classer l’espèce « cynégétique » implique une stabilisation globale des effectifs. Mais la médaille à son revers. La décision de classer l’espèce « cynégétique » ne peut se faire que dans les départements ou les populations sont établies en meute de manière pérenne. Le tir du canidé implique t-il une dispersion des effectifs ? Est-il possible d’affirmer que la charge cynégétique exercée sur l’espèce implique une augmentation des prélèvements sur les domestiques (ovins, bovins, caprins, équins) ?Le tir du canidé implique-t-il une augmentation des capacités de reproduction ?


Les agressions du loup, sous l’influence de la rage au 19 éme siècle:


Le loup est un prédateur dont les capacités de dispersion sont fortes. L’accouplement, réservé au couple dominant, serait, dit-on, la cause de la dispersion de certains individus. Les potentiels d’accueil des milieux investis par le canidé sont en relation avec les effectifs de grands gibiers et leurs capacités de reproduction. Le loup, dans le contexte actuel, ne disperse que rarement, pour des raisons liées aux ressources alimentaires. Les effectifs en meute sont faibles, 2 à 8 individus, les proies nombreuses, et vulnérables. Les troupeaux ovins, dont la mise en protection est inexistante ou laisse apparaître des failles, incitent le canidé à s’installer durablement, d’une part et implique un retour du prédateur à chaque passage de l’espèce sur le secteur concerné. Les déplacements du canidé ne sont pas aléatoires, l’espèce, dans ses comportements de déplacement, gère donc les ressources de proies de manière efficace, passant d’une zone de chasse à une autre, sur une zone vitale sectorisée. Le loup exploite la zone de survie de manière ordonnée. Il repasse souvent dans les mêmes secteurs, aux mêmes moments de l’année, pour peu qu’il ne soit pas dérangé. Les décalages observés, d’une année sur l’autre, sont la conséquence d’une adaptation au milieu.

Les facteurs météorologiques et humains, présents sur le territoire de la meute ou d’un individu isolé, peuvent perturber, voire fortement modifier les déplacements du loup. La zone vitale investie, varie, d’une année sur l’autre, dans les axes de dispersion, dans les surfaces délaissées ou reconquise. Voire, elle est abandonnée, définitivement, ou provisoirement.


Comparons les chiffres sur la période 1796 à 1830 au niveau national :


En comparant, sur différentes périodes, les effectifs de victime du loup, sous l’emprise de la rage, en corrélation avec les primes versées à la destruction, du canidé et les effectifs de la population de loup, il ressort :

Un taux d’évolution de la population de 13,5% par an.

Une population de 20 000 individus en 1800.

Le total des prélèvements, établis chaque année, comme suit,

4590, pour la première période, et dans l’ordre pour les suivantes, 386 individus, 1740, 1140, 1714, et 886, pour la dernière période. La biologie du loup, en général.

-la pression de chasse (tirs primés) varie considérablement d’une période à l’autre. Elle baisse de 74% entre la 1ère et la dernière période. La charge cynégétique est divisée par 10 dès la 3éme période, la conséquence directe est une augmentation forte des populations. Le temps nécessaire à débusquer le loup est faible quand les effectifs sont nombreux, il est de plus en plus important, quand les effectifs son faibles, démotivant les prétendants aux primes. Il est possible que les campagnes napoléoniennes n’aient pas permis un investissement, important, sur les terres du loup.

-il faut observer que le nombre des victimes de la rage chute de 80% entre la première période ( 1796/1799) et la dernière (1826/1830), alors que les effectifs du canidé ne baisse que de 30%. Il n’y donc pas corrélation directe entre les effectifs du loup et la dispersion de la rage.

-Une forte pression de chasse engendre de nombreuses victimes de la rage, par un effet de dispersion du canidé. En particulier sur la période 4. Alors que les effectifs du loup sont en baisse de 45%. Concernant les Périodes 2/3/5/7, quand la pression de chasse est faible, le nombre de victimes du loup enragé est en baisse, systématiquement.

Carcasse de mouton chargée de poison dans les Alpes…2015.


Est-il possible d’affirmer que la charge cynégétique exercée sur l’espèce implique une augmentation des prélèvements sur les domestiques (ovins, bovins, caprins, équins) ?


Si le tir du canidé, ne permet pas de se préserver de ses prédations, sauf à éradiquer l’espèce (c’est le cas sur la période 1800/1805, ou tous les indices sont à la baisse et correspondent à une éradication lente du canidé), le prélèvement par le piégeage est-il une solution ?

A priori, tous les prélèvements sur les loups adultes, qu’ils soient dominants ou subalternes, voire même louvarts, ont à court ou moyen terme, un effet déstructurant incontrôlable, sur le comportement de chasse et de dispersion des canidés. La structure de la meute est familiale. Le tir hasardeux du canidé, les derniers événements déroulés en août 2013 dans les Alpes maritimes l’attestent, ne permet en aucun cas, d’assurer une baisse conséquente des prédations sur les ovins. Ils ne permettent pas non plus l’apaisement des éleveurs et bergers, et pour cause.


Étudions, sur la même période, l’évolution des effectifs du loup et l’évolution de la pression de chasse sur le département de la Meurthe et Moselle entre 1830 et 1842.


L’état nominal des destructions du loup établi est le suivant :

Entre 1830 et 1843, les catégories de prélèvements sont les suivantes,

-loups mâles : 557 individus détruits, soit 40 par an , en moyenne,

-loups femelles : 328 individus détruits, soit 23 par an, en moyenne,

-louveteaux : 3833 individus détruits, soit 274 par an en moyenne.

A partir des données connues, il est possible de déterminer l’importance des populations en nombre.

Les postulats sont les suivants :

-L’effectif par meute est de 5 individus en moyenne.

-Les naissants survivants sont de 4,5 louveteaux par an et par meute, avec une variation à la baisse, en fonction des capacités des milieux à générer des potentiels de proies. Une « surpopulation » provisoire engendrant le développement de maladies.

Le nombre des naissances est en corrélation avec :

-le nombre de louveteaux prélevés, les reproductions multiples sont la conséquence de la pression de chasse,

-le nombre croissant d’adultes, quand le nombre de louveteaux prélevés est faible

-le nombre de meutes et la mise en concurrence entre les meutes.(gibier, reproduction, proies domestiques)

La mortalité naturelle prise en compte est de 6%, évoluant vers 7%, puis 8% en fonction de la structure de la population. (nombre d’individus adultes et louvarts)

Un biais est volontairement introduit sur le potentiel des naissances, ( colonne 5 du tableau suivant) qui atteste que la capacité du loup à se reproduire, sous une charge cynégétique forte, varie à la hausse, puisque les prélèvements réels sont supérieurs aux naissances potentielles, déterminées à partir d’un effectif donné. Les reproductions multiples sont donc certaines, mais non quantifiables, avec exactitude. ( certaines études parlent de 25% des cas de reproduction, est-ce possible ?)

Hypothèses :

 *(1)A partir d’un seuil de population important, la natalité chute fortement.Hypothèse : seuil supérieur à 1000 individus= forte chute du taux de survie des louveteaux. 3 maxi par groupes naissants.

*(2) Si la population augmente le taux de mortalité naturel augmente (7%) et le nombre de louveteaux survivant passe à 2 sur une portée unique.

 *(3) mortalité naturelle en augmentation à 8% et 1 seul survivant par portée, manque de nourriture carnée et maladies plus fréquentes

*(4) forte chute de la natalité, forte mortalité naturelle, chute des effectifs de proies sauvages ( forte mortalités en hiver 15%).

 


La survie des louveteaux, en milieu naturel, est souvent fortement compromise, le taux moyen serait proche de 50%, cependant :


 

Dans 21% des cas, il reste 1 individu survivant

Dans 15% des cas, il reste 2 individus

Dans 13% des cas, il en reste 3

Dans 13% des cas, il en reste 4

Dans 14% des cas, il en reste 5

Dans 10% des cas, il en reste 6

Dans 8% des cas, il en reste 7

Dans 6% des cas, il en reste ente 8 et 10

 Ces taux sont vraisemblablement fonction des potentiels de proies vulnérables, de la météo, et des épizooties possibles (Carré par exemple) ainsi que du vieillissement global de la population.

Sur les périodes étudiées, il y aurait 4.5 louveteaux survivants par meute, au moins, en moyenne. Certaines années propices, le nombre de survivants serait supérieur à 5 en moyenne.

1832 : certaines années l’ensemble des louveteaux est éliminé ! Primes obligent !

1842 : certaines années, l’ensemble des louveteaux survit, aux primes  de destruction!

 Il semble que le « manque de » ou « de faibles », prélèvements, voire de forts taux de prélèvements sur les canidés, non réitérés, n’ont que peu d’importance sur l’évolution des effectifs à moyen terme. Il est possible que  la pression de chasse favorise les reproductions multiples et une meilleure qualité de « l’élevage » des louveteaux, puisque le nombre de naissance et le taux de survie des louveteaux, sont liés, au niveau de pression de chasse. Il faut contenir le nombre de loups présents en même temps, dans une fourchette de 500 à 1300, au moment les plus forts, au début du 19éme siècle !

La capacité du loup à se reproduire peut donc varier considérablement.

Il faut noter que les chats sauvages représentent 126 prélèvements soit en moyenne 9 par an, au plus. Pour un maximum de 19 en 1842. Les chiens enragés sont dénombrés entre 1835 et 1843, en une quantité de 11.

La capacité du loup à se reproduire peut donc varier considérablement.

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