DEUX-SÈVRES: ANALYSE DE CONTEXTE ET PRESENCE DU LOUP

Analyse de la situation du département en rapport avec la classification en Cercle 3 par les Instances de l’État

Afin d’apprécier l’intensité des phénomènes de dispersion du loup, il est nécessaire de se référer à un grand nombre de données accumulées depuis les premières phases de découvertes détectables, en Nouvelle-Aquitaine. Les phénomènes connus qui se sont développés en Pays-de-Loire sont bien entendu, en rapport avec l’activité de plus en plus intense du loup en Nouvelle-Aquitaine depuis 2016, au plus tard.

Les contextes départementaux :

Concernant la Vienne, il est certain aujourd’hui que les phases de découvertes engagées par l’espèce ont eu lieu de 2016 à 2018 entre les communes de Lignac et Usson-du-Poitou.

En 2016 de nombreux faits de prédation sur le chevreuil ont eu lieu sur les communes de

Journet, la Trimouille et Montmorillon, en 2017 le canidé présent a orienté une phase de découverte vers le nord et il a été détecté sur la commune de Le Blanc le 15 janvier 2017.

Entre février 2018 et décembre 2018, ce canidé a évolué entre le département de l’Indre et de la Vienne.

En 2019 le loup est présent au nord du département de la Charente et dès 2020 une phase d’installation (pré-installation en 2020 au sud de Lussac-du-Chateau) va se poursuivre dans la Vienne, évoluant vers le nord, (installation adaptative) et qui va se concrétiser de manière plus intense en 2021 et 2022 au sud de Montmorillon.

En 2023 l’activité est intense sur un zonage évolutif établi entre Lussac-du-Chateau et Val d’Issoire.

Les individus qui se présentent après avoir suivi la Loire vont maintenant rebondir, sur cette zone établie, en direction de l’Indre-et-Loire et du département des Deux-Sèvres. (phénomènes anastomotiques de dispersion du loup).

Il faut noter que l’activité de dispersion du canidé a été multipliée par 3 entre 2018 et 2021 et qu’elle augmente encore fortement en 2022, dans la vallée de la Loire. Ce phénomène va encore progresser dans les 4/5 années à venir avant de s’inverser lentement. (inversements des flux de dispersion très probables à terme)

Concernant la Charente-Maritime, le loup est présent, au sud du département dès décembre 2020, au plus tard (phase de découverte détectable). Entre Rochefort et la commune de Pons, au sud, l’espèce a tenté une phase de pré-installation en 2022 qu’il faudra suivre en 2023. Ce phénomène est lié à la présence récurrente du loup au nord et au sud de la ville d’ Angoulème, depuis 2019 et à la présence du loup en Dordogne depuis 2015.

Dans le département de La Charente, le loup exerce une forte pression de chasse sur le chevreuil, de l’automne 2018 au printemps 2019, centrée sur les communes comprises entre Pressac et Saint-Claud.

Un axe de dispersion qui court du département de l’Hérault jusqu’à La Rochelle est parfaitement défini depuis quelques années. Les zones d’installation naissent de part et d’autre de cet axe depuis 2015, au plus tard.

Cette zone a été réinvestie en mars 2023. (Pressac)

La récurrence des phases de découverte d’année en année est en rapport avec le développement de l’espèce en Haute-Vienne, depuis 2016.

Il est probable que le Chacal doré suivent également cet azimut de déplacement dans ses phases de découverte, tout comme la vallée de la Loire, ce qui explique la présence du petit canidé très à l’ouest depuis 2020.

(Deux-Sèvres/Loire-Atlantique/Finistère)

La forte présence du loup en Maine-et-Loire étant occultée par l’Office français de la biodiversité, malgré les nombreuses données publiées, il est probable à terme (24 mois au plus) que des individus nés localement s’engagent dans des phases de découverte entre Clisson, très au nord et Saint-Maixent-l’Ecole.

Il est évident, dans une optique d’anticipation formelle que certaines zones à risque sont déjà évaluées et qu’il est nécessaire d’en tenir compte, dès aujourd’hui, en activant localement le Cercle 2, alors que les moyens sont limités qu’ils soient techniques, cynophiles (chien de protection), humains ou financiers.

Cette interprétation n’a rien de théorique et ressort exclusivement de l’analyse des données cumulées depuis 7 ans.

Dans ce cadre :

Nous préconisons de concentrer les moyens sur les zones à risque au lieu de diluer ces mêmes moyens sur l’ensemble du département et de suivre l’évolution des situations (évolutions des zonages du loup), toujours dans une optique d’anticipation probante et efficace et afin de s’adapter rapidement aux changements de contexte.

Il est indispensable d’accompagner cette politique d’anticipation par une analyse pointue des contextes des éleveurs qui sont potentiellement à risque. C’est à dire, établir et suivre en permanence les zones de dispersion du canidé, en surface et en orientation, prendre en compte les contextes particuliers de chaque éleveur (nombre de lots, volume des surfaces de pâturage et positionnement dans la géographie du loup, nombre des domestiques), en priorisant également. Un éleveur qui se situe en limite de zonage connaîtra un risque faible, alors qu’un éleveur qui exerce son activité sur les axes de déplacements du canidé, au sein du zonage, voire sur une porte d’entrée-sortie de la zone de dispersion (le loup sort et rentre fréquemment dans le zonage durant les premières phases) connaîtra un niveau de risque très élevé. Ces analyses demandent une forte pression d’observation et des recherches d’indices de présence fréquentes et récurrentes.

Elles sont indispensables à la compréhension des phénomènes et une équipe dédiée et autonome de suivi du loup et de soutien aux éleveurs devrait être mise en œuvre à court terme.

La carte de référence

Deux-Sèvres Relief axe de dispersion du loup copie
Deux-Sèvres: Relief, axe de dispersion du loup et zonages

 

Les secteurs à risques élevés de déprédation :

Il faut comprendre que les axes de dispersion du loup sont déterminés par la géographie, l’altitude, les structures routières et le niveau d’anthropisation des milieux découverts.

Les différentes phases qui suivent le phénomène de découverte sont de trois ordres, une phase de pré-installation ou l’espèce cherche les potentiels de survie et ou il est observé une réduction des surfaces parcourues, cette phase si elle n’est pas abandonnée (6 à 18 mois) peut être suivie par une phase d’installation adaptative ou l’acquisition des potentiels (forte diversités des milieux, présence d’espèces proies très variées, anthropisation faible, aire de tranquillité) s’inscrit également par une réduction de l’espace géographique.

La dernière phase est la reproduction. (entre 4 et 10 ans à partir des phases de découverte en fonction de l’intensité du flux de dispersion sur l’axe départemental ou inter-départemental)

Le comportement « anastomotique » peut se résumer ainsi:

Sur un axe de dispersion dont l’intensité augmente progressivement, les phases (découverte/pré-installation/installation-adaptative/reproduction) impliquent des rebonds des « disperseurs » (probabilité: +75% de rebond) sur les aires en cours d’installation, quelque soit la phase, (conditions: nombreux potentiels élevés).

Ce phénomène se produit sur tous les axes, internationaux à départementaux et implique un suivi intense du loup afin de s’en préserver au maximum (risques de déprédations).

Les zonages étant très évolutifs d’année en année, en orientation, en surface et en niveau d’activité il est indispensable d’engager une pression d’observation importante et adaptative. (moyens humains, chien renifleur, équipe dédiée)

Les installations ont donc lieu de part et d’autres des axes de dispersion.

Concernant les Deux-Sèvres, les niveaux de risque de déprédations sont élevés :

Au centre-ouest entre Moncoutant-sur-Sèvre et Secondigny, plus au sud entre Saint-Maixent-de-Beugnet à l’ouest et Secondigny. La surface en cours d’installation depuis 2020 représente (y compris côté vendéen) 38900 ha, elle semble évoluer vers l’ouest en direction de la Vendée depuis le début de l’année 2023. Cette situation est très probablement provisoire.

Dans une autre zone de pré-installation possible à fort potentiel, commune au département de la Vienne et des Deux-Sèvres, voire très probable (indices de présence du loup en 2019/2020/2021/2022) à l’ouest du département, comprise entre les communes de Saint-Martin-du-Fouilloux et Soudan. Cette zone sera probablement réinvestie en 2023.

Au nord du département, toutes les communes comprises dans un rayon de 7 km autour de la commune de Mauléon sont susceptibles de connaître la présence du loup en 2023. (origine, probable, dispersion du loup à partir du choletais)

Sur l’axe qui court, pour rappel de la commune de Ménigoute à Chantemerle, concernant le département, toutes les communes situées au nord et au sud de cet axe et à une distance de 15 kilomètres sont potentiellement concernées par la présence du loup à court et/ou moyen terme.

(6 à 30 mois au plus, compte tenu de l’intensité des flux de dispersion)

Au nord-est, toutes les communes situées dans un rayon de 15 km, autour de la commune de Thouars sont à risque également, une zone en cours d’installation dans le PNR Loire-Anjou-Touraine (phénomène engagé depuis 2021) va probablement pousser des individus à rebondir vers le sud, donc en direction des Deux-Sèvres. Des suivis et recherches d’indices devraient engagés à court terme sur ce secteur défini.

L’ensemble de ces secteurs devraient être priorisés, en terme de moyen et le niveau de Cercle ne devrait pas être inférieur au niveau 2 ! Le reste du département, en cercle 3, permettrait effectivement d’alerter et d’engager les éleveurs et leurs organisations à la réflexion et aux prises de responsabilités.

L’anticipation établie à partir de l’analyse des données existantes permettra de mettre en œuvre un plan efficace, en comprenant qu’il est important d’augmenter fortement la pression d’observation et le suivi de l’espèce, avant les phénomènes de déprédation !

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