Les conflits d’intérêts entre l’agriculture d’élevage et les phénomènes de dispersion du loup représentent un problème majeur de gestion. Dans la résolution de cette opposition il est important d’étudier les réponses comportementales du loup aux activités humaines.
A° LES MODÈLES D’ACTIVITÉ ET DE COMPORTEMENTS DE DISPERSION DES LOUPS DANS LES HABITATS OUVERTS OU FERMÉS
De nombreux facteurs influencent leurs modèles d’activité, comme les périodes de dispersion ou d’activité nocturnes ou diurnes en phase de découverte, l’état physiologique des loups, tout comme l’âge et le sexe des canidés et encore la météorologie ou le braconnage de l’espèce.Dans les zones à densité de population humaine élevée ou dans les espaces ouverts faiblement anthropisés les loups semblent essentiellement actif la nuit, mais certains comportements diurnes sont plus fréquents chez les femelles (inter-groupe) et concernant les individus en dispersion. L’altitude moyenne de la zone d’étude est de 700 mètres d’altitude. Sur la plupart des sites, le paysage comprend des plaines vallonnées avec des collines, des crêtes et de hautes terres. Ce qui correspond aux grands types de paysages en France, ou le sauvage cherche à s’installer et également en Europe.
Sur la zone étudiée (durée 5 ans/ 17 loups suivis), le climat est de type hyper-continental, l’indice de biomasse pour 1 km2 (100 ha) est inférieur à 6, pour une densité de loups moyenne proche de 1,3 individu (fourchette 2,6 à 0,1) pour 10 000 ha (soit des groupes proches de 10 individus). (13 kg de biomasse à l’hectare dans l’étude suivante), le lien : https://observatoireduloup.fr/2019/04/26/analyses-de-la-reproduction-des-predations-et-dispersions-du-loup-dans-le-contexte-francais-sous-pression-de-chasse/)
La zone d’étude est une région agricole importante où l’élevage prédomine. La pression de chasse sur l’espèce s’étend du 15 septembre au 28 février. La densité des routes actuellement utilisées est d’environ 0,28 km/km2, pour 1,77 km/km2 en France. Trois catégories d’âge sont ciblés, louvarts, subadulte/adultes (12/24 mois) et adultes confirmés. (biais notoires ): Dans les deux dernières catégories d’âge, les plus expérimentés, et/ou prudents, ou les loups les plus forts ont pu éviter la capture, mâles : 65% et louvarts 24%) Les loups ont été équipés de colliers GPS, relevés toutes les dix minutes. (plusieurs individus sont décédés durant la phase des captures 30%). Les meutes de loups ne sont pas des ensembles homogènes, et les individus montrent des variations significatives dans les habitudes d’activité quotidienne y compris entre les individus d’une même meute. Deux statuts sont définis, deux catégories des statuts sociaux des loups :Les membres de la meute, vivant en groupe et/ou restant proche des tanières et zones de rendez-vous et les disperseurs. Les disperseurs, avant de quitter le domaine vital natal,ont engagé des incursions extra-zone ou passé du temps à la périphérie de leur zone vitale. Toutes les lectures d’activité et les repères GPS ont été classés en trois saisons, et ont été considérés comme conditionnelles: Saison de reproduction (avril – juin), saison chaude (juillet – octobre, louveteaux élevés, dispersion) et saison froide (novembre– Mars, saison du rut,incursions de pré-dispersion).
A l’étude de l’activité des loups au sein d’un même groupe il est remarquable de constater que ce sont les individus les moins actifs et donc probablement les moins interactifs, socialement, qui engagent les dispersions et phase de découverte sans retour à la meute.
L’exclusion des individus est donc probablement un mythe, au contraire, les individus qui s’aventurent dans les phases de découverte sans retour (retour dans 3 départs sur 4) sont ceux qui contribuent le moins à la vie sociale du groupe. Il faut constater également que les individus, qui reviennent au groupe après une phase de dispersion, (2 à 9 mois), augmentent fortement leur niveau d’activité (+38% en moyenne). La cohésion du groupe est en rapport avec le niveau de pro-activité individuel, c’est à dire dans la prise d’initiatives individuelles au profit du groupe.
Les constats :
1) Il n’y a pas de différence notoire de comportement entre les mâles et les femelles. (sauf en période de reproduction)
2) Les loups étaient actifs durant 44% du temps de périodes étudiés, en moyenne, toutefois cette activité moyenne est largement variable selon les saisons. (chaudes ou froides)
3) La période d‘activité la plus longue était de 10,8 heures.
4) La plus longue période d’inactivité était de 18 heures.
5) L’indice d’activité ne différait pas selon l’âge ou les catégories des loups ciblées.
6) Il existe une forte corrélation dans les déplacements, entre la vitesse des individus (km/h, aux allures : pas, trot et galop) et l’indice d’activité quotidienne des loups ciblés.
7) Les périodes de dispersion durent en moyenne 4,4 mois, soit entre 2 mois au minimum et 9 mois au plus.
8) Sur un ensemble de 4 individus en dispersion, 3 sont revenus au groupe de départ. (avant un éventuel nouveau départ)
9) Les individus ayant engagé une phase de découverte et qui sont revenus au groupe sont plus actifs après le retour (+ 32% en moyenne)
10) Les loups les plus âgés sont plus actifs la nuit, les plus jeunes sont plus actifs à l’aube, les femelles sont plus actives, la nuit et à l’aube et également de jour, quand elles sont intégrées à un groupe (repro?), les disperseurs sont plus actifs à l’aube, les mâles sont généralement plus actifs la nuit. (ou au crépuscule et à l’aube si ils ne sont pas actifs la nuit). Les femelles en dispersion sont peu actives de jour, contrairement au mâles qui sont presque deux fois plus actif dans les phases de découvertes/pré-installation.
11) Le loup réduit son activité pendant les longues périodes d’ensoleillement (en période de chaleurs estivales). Le canidé semble plus actif entre 7h et 12h et 16 et 19h en hiver.
12) Plus le nombre d’individus présents sur un zonage est important, plus le niveau d’activité reste constant et proche de la moyenne de l’année. Une forte activité au printemps soutend probablement une forte activité à l’automne.
13) Durant la période des naissances (avril à juin) les loups sont plus actifs, les niveaux d’activité nocturne augmente de 40% essentiellement entre minuit et 5 heures, Ce schéma pourrait correspondre à l’éloignement (isolement provisoire) des reproducteurs du groupe et à une désorganisation des comportements de chasse.
14) Pendant la période estivale le loup est surtout actif la nuit, le développement de l’activité s’exerce sur le rapport 3/1. (76% de nuit pour 24% de jour)
15) Dans les groupes, les individus les moins actifs sont ceux qui semblent engager des phases de découvertes sans retour au groupe.
16) A l’étude des phénomènes dans les zonages évolutifs qu’il est possible de suivre d’année en année, dans une régularité détectable (activité régulière de mois en mois) dans les niveaux d’activité, il faut envisager la présence d’un groupe de plusieurs canidés et/ou de phénomènes voisins géographiquement si les niveaux d’activité périodique (mois de l’année) présentent de fortes variations, c’est à dire un ensemble de phénomènes de dispersion dans les différentes phases, de découvertes à l’installation, dans le même espace de temps. La présence d’un groupe doit être envisagée quand les pics d’activité ont lieu à l’aube et au crépuscule, sur une période donnée.
17) En période de température élevée (forte chaleur) certains déplacements sont probablement engagés essentiellement la nuit. Et inversement en période hivernale ou les déplacements sont fréquents en mode diurne.
18) Il est probable que sous pression de chasse, le loup adapte ses déplacements à la géographie locale en privilégiant les activités en mode nocturne dans les zones ouvertes et en mode diurne dans les zones fermées (massif forestier). Il est possible que des périodes de tension dans le groupe engagent les individus à la dispersion en mode diurne. Certains individus pourraient avoir un comportement de zonage périphérique.
19) En période de naissance, les femelles suitées, dans les contextes essentiellement ouverts augmenteraient leur activité diurne en s’éloignat des tanières, parfois à plusieurs kilomètres, afin de suivre l’évolution des situations à risque. (modification subite du niveau d’anthropisation du milieux et/ou des activités humaines)
B° LES MODÈLES DE DISPERSION SUR LES AZIMUTS INTERRÉGIONAUX ET/OU RÉGIONAUX (Comportements axiaux)
Dans les phases de dispersion du loup, sur des axes déterminables, il faut remarquer les faits suivants :
1) Au départ d’un groupe établi, sur les axes inter-régionaux compris entre 200 et 360 kilomètres, il est possible de retrouver une zone intermédiaire de repos, positionnée à mi-distance en fonction des contextes géographiques.
2) Les phases de « repos » durent de 2 à 8 mois, elles ne sont pas systématiques, certains individus contournent éventuellement ces zonages temporaires.
3) La distance entre les zonages, généralement placés sur l’axe, varie de 45 à 65 km, cette fourchette quand elle est constatée implique plusieurs phénomènes d’installation sur l’axe de dispersion. En effet, au départ des phénomènes et au delà d’un éventuel zonage de repos, les distances entre les groupes sont deux fois plus importantes, les meilleurs potentiels étant acquis par les premiers « disperseurs », qui peuvent suivre des axes qui se croisent. (ou des axes de dispersion perpendiculaires)
4) Quand les plus forts potentiels sont acquis, on assiste à des phases d’installation inter-zones, le loup se positionne entre deux zonages « concurrents », ce terme est à envisager en admettant que des individus de groupes différents placés sur un même axe de dispersion sont éventuellement affiliés. Il y a donc des interactions entre des individus qui se connaissent et se reconnaissent au sein de groupes distants.
5) Le phénomène suivant implique une accélération de l’intensité des flux, il est déjà établi qu’entre 2018 et 2021 l’intensité des flux de dispersion a été multipliés par 3. Dans cette nouvelle phase se développent des axes inter-départementaux, et dans le même espace de temps, le loup contourne ou intègre les groupes existants et s’engage sur de nouvelles phase de découverte, soit au delà des zonages existant, soit plus loin sur l’axe, soit en deçà du zonage le moins éloigné du groupe reproducteur de départ.
6) Le phénomène cesse quand tous les potentiels sont acquis, il est probable que la zone de repos soit également agréées par les individus qui restent « bloqués » par le suite des phénomènes développées dans un espace de temps compris entre 5 à 10 ans, en fonction des contextes régionaux.
7) Dans les zonages entrepris il est possible de reconnaître des constantes, plus ou moins marquées, mais détectables, les crêtes forment souvent les limites de territoires, toute comme les voies fluviales et les grandes structures routières et/ou artificielles (les zones péri-urbaines par exemple). Ces limites sont largement transgressées par le loup qui contrôle l’extérieur du zonage alors que certains individus, quand la pression est forte sur les groupes (naturelle ou anthropique), explorent de façon « satellitaire » les territoires connus en extra-zone.
8) Dans l’analyse des dénivelés (voir le dossier en lien de bas de page), il est remarquable d’assister à la récurrence de faits concernant le paysage du loup, comme un « sommet » au centre de la zone dans la phase de pré-installation alors que le zonage dans les phases suivantes ( adaptatives et reproduction) glisse peu à peu vers la plaine. Durant la dernière phase de reproduction une vallée apparaît au centre du zonage très évolutif durant l’année, cette vallée fluviale permet des déplacements rapides du nord au sud ou d’est en ouest, la géographie locale définissant complètement l’orientation des zones vitales.
Les liens : https://observatoireduloup.fr/wp-content/uploads/2020/08/ETUDE-DES-DENIVELES-SUR-LES-AZIMUTS-DE-DISPERSION-DU-LOUP.pdf
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