COMMENT ANTICIPER LE PHÉNOMÈNE NATUREL DE DISPERSION DU LOUP EN FRANCE?

Les évènements qui se sont déroulés depuis le début de l’année 2020, en Normandie, dans l’Indre, en Charente, en Loir-et-Cher et plus récemment en Haute-Saône et Saône-et-Loire et d’autres encore (Bretagne…) nous expliquent que les suivis de l’espèce « Canis lupus » organisés par l’État sont pour le moins douteux ! Le tir de destruction accordé aux paysans en Haute-Saône est le symbole de l’incapacité des structures étatiques à sentir évoluer les différents phénomènes de dispersion du canidé sauvage sur les territoires de France. (Découverte, pré-installation, installation-adaptative, installation-reproduction)

Cette capacité à organiser des tirs de destruction afin de compenser un aveuglement administratif, concernant des situations évolutives qui tiennent d’un phénomène naturel (modèles de dispersion du loup) semble devenir peu à peu le fruit corrompu d’une culture de l’oeillère officialisée par les différentes instances concernées. Tant à l’Office Francais de la Biodiversité, que dans les instances agricoles, ou de la chasse, également, tout comme dans les ONG spécialisées, il faut souligner que les communications diverses et variées suintent des différents modèles mis en œuvre dans ces microcosmes qui prétendent « expliquer » le phénomène naturel de dispersion du prédateur sauvage des herbivores. Hors ces explications tiennent trop souvent de la mésinformation notoire.

L’Ofb prétend pouvoir expliquer le phénomène naturel par la preuve formelle ! Mission impossible, sans de nombreux moyens humains dans les plaines de France (à l’exclusion des engagements dans les Alpes), hors les données du réseau loup officiel nous expliquent que les techniciens ne sont pas sur le terrain en dehors des Alpes. En l’absence formelle, cette structure n’est donc pas en capacité d’établir des faits probants, sur la piste du loup. Les cultes de la preuve formelle et de l’ADN doivent être remplacés par des investigations de terrain nombreuses et répétées, le loup, comme tous les animaux sauvages laissent des indices authentiques de son passage. De nombreuses données, non formalisées dans le système d’éviction actuel peuvent pourtant faire l’objet de traitements, d’investigations de terrain, d’études cartographiques, d’analyses et de raisonements, d’études très variées également et d’expérimentations indispensables. Les compréhensions sont donc tout à fait possibles. Tout comme la foudre qui tombe sur un même lieu d’année en année, le loup est souvent présent au même endroit au même moment et le tir de destruction n’y changera rien, c’est un fait également. Toutefois se remettre à dormir sur ses deux oreilles, dans l’Est, en passant enfin à autre chose, comme l’explique, Thierry Chalmin, le président de la chambre d’agriculture et président de la Fédération syndicale locale tient de l’irresponsabilité. Cette irresponsabilité est entretenue indirectement par le préfet qui a autorisé le tir de destruction. Ce cycle infernal est le fruit pourri d’une culture de l’oeillère. C’est un fait indéniable.

Les instances agricoles, la FDSEA, les JA et même la Confédération Paysanne nous expliquent qu’en toute irresponsabilité chacun doit donc demander son loup mort! Leurs discours nationaux se résument à expliquer :

 » Le loup n’est pas compatible avec le pastoralisme » je ne vous inflige pas les nombreuses variantes.

Chacun veut donc son loup mort et après avoir posé deux fox-ligtht et quelques filets à ovin, exercé un tir aléatoire au Val d’Ajol le syndicat fait pression pour obtenir son loup mort, tout en comptabilisant les pertes, ovines, bovines, alors que l’éleveur qui n’a jamais cru aux phénomènes de dispersion du loup, fort occupé (et non informé par les instances agricoles) qu’il est à produire dans la solitude, n’a jamais été informé, ne comprend pas le phénomène, alors qu’il doit l’assumer.

C’est ainsi que la « Conf » en Charollais vous explique et demande en Septembre que  » cet animal soit prélevé sans plus attendre » en confirmant qu’il faut sortir du statut de protection de la convention de Berne, tirer dans les Parcs Naturels et aussi je cite:

« Le loup n’est pas compatible avec l’élevage ».

Il est donc possible de tirer un loup, cependant tirer un flux de dispersion est impossible, un flux qui évolue en fonction de nombreux contextes, non étudiés par ceux qui autorisent ou demandent des tirs  provisoirement salvateurs ou par ceux qui vous expliquent que rien ne se passe alors que tout de transforme progressivement.

Peut-on tirer un phénomène naturel? Peut-on l’étudier ? Officiellement l’étudier n’est pas possible, le loup serait imprévisible, c’est officiel et confirmé officiellement, vous dis-je! Ce dogme institué est révélateur lui aussi !

Le préfet a d’ailleurs accordé un tir de défense pendant que l’Ofb n’a rien vu, rien entendu, rien senti non plus. Dans cette structure étatique le pourvoyeur de donnée est au abonné absent, l’informateur de l’État ne comprend pas le phénomène, en dehors du fait répété qu’il croque des moutons, le syndicat veut son loup mort et l’éleveur vit dans la stupeur. Le loup est revenu…

Cette dernière phrase résume bien la situation ubuesque que nos paysans connaissent et vont connaître rapidement dans de nombreuses contrées de France à l’avenir. Doit-on penser que les cycles d’incompréhension mis en œuvre doivent cesser ? Pour anticiper il faut donc étudier, c’est une évidence qu’il faut malheureusement rappeler.

 

Dans les instances de la chasse, faut-il regretter que le Président de la Fédération Nationale nous explique qu’il dort avec le loup tant il serait plus nombreux que le chiffre officiel ? Car le loup est chez lui, ce qui est tout à fait probable mais ces mots impliquent une volonté évidente de l’absence du partage. Car chez lui ne serait pas chez le loup. Ce sentiment partagé plus ou moins par le chasseur du cru n’est pas une évidence. Il semble qu’il y ait deux mouvements de fond de pensée, celui du chasseur qui pense que le chiffre de 580 lupus (qui est un minimum certain, selon un chasseur) est très sous-estimé, ce qui faux tout en étant vrai car ce chiffre évolue tous les jours de l’année et ne concerne que les populations adultes. Celui du chasseur qui cautionne l’action de l’officialité, voire sa communication comme récemment en Bretagne. Dans les colonnes de France Bleu je note que:

« La fédération des chasseurs des Côtes-d’Armor et l’Office Francais de la Biodiversité affirment n’avoir aucune données de terrain concernant la présence du loup en Bretagne »

Ici au contraire de la fédération nationale, il faut constater que l’officialité chargée d’informer le préfet doit faire cautionner son aveux d’impuissance par la fédération de chasse départementale. C’est tout à fait surprenant.

Pour anticiper il faut donc des moyens, humains, certes mais aussi de réflexions collectives ouvertes, décentralisées, des moyens de communication ouverts, des transparences indispensables qui peuvent mener enfin aux prises de responsabilités de la part des « acteurs de terrain ». Ce que les chasseurs nomment « la ruralité » comme si elle pouvait appartenir d’une façon exclusive à un groupe. Ici encore il est question de partage. Pour anticiper il faut donc partager.

Partager implique donc de ne pas mésinformer. Ici il faut donc souligner le travail de contrôle de l’information engagée par les ONG, qui après avoir expliqué qu’il ne se passe rien sont d’un mutisme curieux quand les faits de la présence du loup sont avérés. Tout en fustigeant des tirs organisés par le préfet alors qu’elles se contentent de la version officielle. Dans une vision étriquée des phénomènes de dispersion qu’elles ne maîtrisent pas, il faudrait admettre que le loup tombe du ciel subitement comme une pluie d’automne, alors qu’elles attendent la crotte fraîche indispensable à la découverte de l’ADN du sauvage. Puis elles peuvent se réjouir de son retour incompris alors que les éleveurs comptent leurs moutons, que les syndicats comptent leur adhérents, que les chasseurs comptent leurs ongulés, pendant que le directeur de cabinet comptent les articles de la presse écrite sur le sujet des deprédations et que le préfet compte les coups et que l’Ofb compte les constats qui s’accumulent dans les tiroirs profonds d’un obscurantisme évident.

Dans ces dogmes d’incompréhension évidents, je vous invite donc à compter encore et encore, d’année en année les quotas mis en place et les tirs de destruction organisés afin de réguler les dérives intellectuelles, les inadéquations des suivis de l’espèce qui sont devenus formels et sans ADN, les mésinformations renouvelées, les faits qui nous expliquent que le plan d’action loup est mort-né alors que l’officialité maintient le corps condescendant des administrateurs du loup en état de léthargie, perfusés par les uns et adulés par les autres. Pendant ce temps là, et à cette minute, Canis lupus trotte lentement et encore, ­vers des territoires adaptés à sa biologie variable, vers des potentiels qu’il est possible de dénombrer, dans une absence caricaturale d’anticipation ! Ces grands moments d’écologie resteront-ils dans les annales de nos experts?­­

 

 

9 commentaires sur “COMMENT ANTICIPER LE PHÉNOMÈNE NATUREL DE DISPERSION DU LOUP EN FRANCE?

  1. On en parle beaucoup, on en voit peu c’est une des caractéristiques de cet animal. Il me semble qu’il manque une réelle volonté politique d’une véritable gestion des espaces et espèces permettant une utilisation rationnelle du milieu.
    Nous avons besoin de science et de pragmatisme. L’anticipation ne déplaise à certain est la première mesure de protection.
    Je suis éleveur, transhumant, passionné par mon métier dont l’essence est la protection de mon troupeau. Oui nous sommes très loin d’être efficace face au retour de cet animal. Nos systèmes extensifs sont fragiles, Aujourd’hui l’agriculture industrielle trouve un allié de circonstance dans le courant animaliste sponsorisé par les géants du numériques (voir Steack barbares de Gilles Luneau) associé à la vision anthropomorphique du sauvage par une majorité de nos concitoyens. Ce n’est pas le grand écart que fait le mouvement EELV en disant soutenir d’une part une agriculture du vivant et d’autre part en reconnaissant le mouvement Vegan comme écologique, qui est rassurant. Ce contexte risque à terme de faire disparaitre l’élevage pastoral traditionnel, héritage de 10000 ans d’histoire.
    Apprendre ou réapprendre collectivement à vivre avec les aléas dont celui du retour des grands prédateurs est une réponse à la question que nous pose indirectement le loup. Quelle agriculture voulons nous demain? De l’acceptation des contraintes du vivant dépendra notre avenir.

    1. Excellente conclusion : mutualisons les idées, les moyens, les expérimentations, les visions, l’expérience…etc…c’est ainsi que la cohabitation avec le sauvage sera réfléchie et la cohabitation avec l’acteur des consommations retrouvée !

  2. JE N’AI PAS LU L’ARTICLE, LE TITRE ME SUFFIT…

     »COMMENT ANTICIPER LE PHÉNOMÈNE NATUREL DE DISPERSION DU LOUP EN FRANCE? »

    A moins que je sois  »mal comprenant » je ne comprends pas du tout que l’on veuille anticiper quelque chose qui a 20 ans d’âge. En effet, le loup grignote l’espace d’environ 50kms/an soit 1000kms en 20 ans que l’on peut comparer avec la taille de la France (1000kms). Et là j’en reste coi…quoique…
    Il serait peut-être temps d’arrêter de prendre les gens pour des jambon/beurre…

    1. Je confirme: votre vision étriquée des réalités ne correspond pas aux réalités des paysages variés de France. A vous lire il faut croire que les situations et contextes sont les mêmes partout! Ce qui bien entendu n’est absolument pas une réalité de terrain…Les Alpes ne sont pas représentatives de ce qui va se développer en plaine et basse montagne c’est déjà une évidence formelle.

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