CINÉTIQUE DU LOUP ET CONSÉQUENCES SUR LES PROIES ET CONCURRENTS

CINÉTIQUE DU LOUP ET CONSÉQUENCES SUR LES PROIES ET CONCURRENTS

L’année 2021 a révélé les nombreuses phases de dispersion engagées par l’espèce dans toutes les régions de France.

1) Le Front de colonisation officiel existe-t-il ?

Je vais citer quelques données reprises dans la presse…

D’après le CNRS:

« Toutefois, modéliser la distribution du loup (et des grands carnivores en général) présente une difficulté méthodologique majeure : du fait de sa mobilité sur de vastes domaines vitaux, de sa discrétion et de sa faible densité, il est possible de ne pas détecter l’espèce dans certaines zones et d’en conclure, à tort, que le loup en est absent – on parle de faux négatifs. »

Le CNRS exclue d’expliquer que les défauts de moyen impliquent les mêmes difficultés!

« L’étude des phénomènes de colonisation montre en effet que les fronts de colonisation sont des zones où la consanguinité* est maximale, parce que les individus présents sur ces fronts sont en faible densité et l’immigration y est faible » selon une expertise collective

 » La Belgique se situe entre deux fronts de colonisation : la France et
l’Allemagne… » définition de Natagora

Enfin, il y aurait même plusieurs fronts de colonisation (CNPN et Ecologie.gouv/ parc du luberon)

Le front de colonisation serait une liste de départements (La Croix)

Le Front de colonisation existe-t-il ?
Le Front de colonisation du loup existe-t-il ?

 

Essayer de définir un « front de colonisation » à partir des données strictement officielles est une véritable gageure! Ce front n’existe pas, à l’évidence. A l’étude de la cinétique (toujours à partir des données strictement officielles communiquées) du loup, donc des mouvements de populations de loups, il faut remarquer :

que des phénomènes de flux et de reflux alimentent la dynamique, que des reflux (voir les sens des flèches) pourraient correspondre à l’intensification de flux opposés, que 2019 (qui traduit une forte poussée à l’ouest) est une année charnière, tout comme 2021,

que les reflux de 2021 préparent le flux totalement ouest vers le Finistère (très officiellement la Bretagne) l’extrême nord et l’extrême sud-ouest, soit au plus 9 départements à « officialiser » (officiellement ) d’ici la fin de l’année 2022.

Alors que les premières données non officielles confirment que le reflux, comme en 2019, sera faible en 2022! (les zones colorées représentent des gains ou des pertes provisoires d’une année sur l’autre)

CINETIQUE-DU-LOUP-2017-2022-SURFACES-PAR-ANNEE
CINETIQUE-DU-LOUP-2017-2022-SURFACES-PAR-ANNEE

 

2) Les différents modèles de comportement de dispersion:

A l’étude des reliefs et azimuts et axes de déplacement, il est possible de comprendre les différentes phases et modèles de comportement dans nos territoires. Ces modèles et comportement sont directement en rapport avec le contexte local. Un suivi permanent est indispensable à la compréhension des phénomènes. (équipe formée, accompagnée de 4/5 personnes par département)

Quelques exemples de modèles de compréhension :

Suivi et modélisation des comportements de dispersion du loup en France
Suivi et modélisation des comportements de dispersion du loup en France

Le canidé semble privilégier les dénivelés négatifs et ses parcours font ressortir des azimuts moyens de longueur différents, 7.83 km quand il monte et 10.88 km quand il descend (données partielles), ce qui, implique toute chose étant égale par nature, que le loup prend des « raccourcis » en « coupant » les crêtes dans ses déplacements, reste à définir où, quand et pourquoi! (sans oublier la phase dans laquelle s’inscrit le canidé: découverte/pré-installation/installation adaptative et installation-reproduction qui implique des comportements de déplacement variés)

Exemple de comportement dans les dénivelés négatifs et positifs
Exemple de comportement dans les dénivelés négatifs et positifs

3) Les niveaux et intensités des phénomènes de dispersion:

Cinétique du loup Cumul et surface
Cinétique du loup cumul de flux et surface de dispersion

Les phénomènes pourraient paraître « exponentiels », toutefois, cette vision tronquée de la réalité est due à l’absence de prédateur avant la phase de découverte des territoires et à l’absence de concurrence, éventuellement.

A l’étude, sur le long terme, il apparaît que tous les phénomènes sont de type « ondulatoires » ce qui, cependant n’interdit pas de forte variation, la période des phénomènes est variable mais il faut estimer que les phases intermédiaires (découverte/pré-installation) seront de plus plus rapides!

L’inversion des flux, d’ouest- en est et du nord au sud, qui a déjà commencé, probablement va accélérer ce qui peut être qualifié comme un phénomène de marée dont le coefficient augmente puis régresse avant d’augmenter à nouveau  de manière toujours plus intense jusqu’à ce que tous les potentiels soient acquis!

Phases de rebond et accélération des flux
Phases de rebond et accélération des flux de dispersion du loup en France

Il est possible d’envisager que les surfaces géographiques explorées et installées par le loup soient en phase dite  » exponentielle », jusqu’à complète installation des potentiels. (3,4 millions d’hectares « visités » sur un potentiel de 7 millions)

Evolution des surfaces géographiques et potentiels d'installation du loup en 2022
Évolution des surfaces géographiques et potentiels d’installation du loup en 2022 (France)

A l’évidence, l’accélération des flux de dispersion en 2021 et les années précédentes, depuis 2018, au moins est d’un niveau très élevé!

Les phénomènes existent depuis les années soixante et sont du même type:

Système de "marée" loup dispersion du loup depuis 1950
Système de « marée » loup dispersion du loup depuis 1950

L’évolution des flux permet de définir son intensité en fonction des capacités de l’espèce à faire du « kilomètre » (11 000 km par an dans un zonage défini)ce qui peut être défini par la différence moyenne entre un « ressac » positif et négatif (effet de marée), nul ou positif par ailleurs dans les contextes français actuels

Evolution de l'intensité des flux de dispersion du loup en France
Évolution de l’intensité des flux de dispersion du loup en France

CONSÉQUENCES SUR LES PROIES ET CONCURRENTS:

Les comportements de prédations du loup et du lynx sur le renard et méso-prédateurs (à inclure le chacal doré, probablement) dépend des potentiels d’accueil (géographiques de densités des proies, des niveaux d’anthropisation), dont le potentiel de charge défini ainsi: « optimum d’effectif d’animaux qu’un territoire (la densité donc) connu et déterminé, peut absorber, sans que les ressources ne subissent de dégradation irrémédiable, de la variabilité des effectifs de proies du loup et/ou lynx, des effectifs de population de chevreuil, et des comportements d’utilisation des habitats du renard ( sous pression du loup et/ou du lynx le renard cherche des habitats ouverts (zone d’herbage).

Dans certains contextes la pression des grands prédateurs sur le renard implique une baisse de population drastique du petit canidé.

Il faut estimer que dans un potentiel très élevé, favorable au renard, le loup n’aura que peu d’influence sur les effectifs du petit canidé.

Pression des prédateurs sur un milieu varié
Pression des prédateurs sur un milieu varié

Il faut noter que la concurrence entre le lynx et le loup est forte dans les milieux communs aux deux espèces, la domination provisoire du loup semble pousser le lynx en forêt!

Pression des prédateurs sur un milieu varié
Pression inter-espèces des prédateurs sur un milieu varié, évolution des effectifs de population en présence non exhaustif

Toutes les études expliquent que les périodes « ondulatoires » sont de 5 à 30 ans et plus probablement, concernant l’évolution des effectifs de population de certaines espèces proies du loup, exemple: le graphe suivant décrit la période 7/18 du graphe ci-dessus.

Evolution des effectifs de chevreuil avant le rebond
Évolution des effectifs de chevreuil avant le rebond

Conclusions: la présence du loup implique:

de suivre, le plus tôt possible, au plus près, les indices de population de ses proies afin d’affiner les attributions de chasse (localement),

de suivre l’ensemble des espèces proies sur le long terme (micro-rongeurs jusqu’aux plus grands ongulés) et dans chaque contexte de potentiels quelque soit la phase en cours,

de suivre les niveaux de concurrence entre les grands et petits prédateurs afin d’anticiper les glissements éventuels vers la faune domestique, au besoin, vers les espèces d’herbivores sauvages en concurrence, ce qui permet de définir des niveaux de moyens et des besoins!

Evolution des densités des prédateurs dans un contexte concurentiel
Évolution des densités des prédateurs dans un contexte concurrentiel

Il faut relever également que toutes les évaluations concernant l’évolution des populations de loups en France se sont révélées pessimistes et que les scénarios les plus « improbables » sont  ceux qui se sont réalisés depuis 2015!

 

Références: (voir les nombreux dossiers sur le site)

Scientific book “Behaviour and ecology of the Eurasian lynx” has been published

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